Urgence

Je me suis engagée sur un chemin envahi de lianes, j’avance avec précaution. J’ai avec moi, bien en main, une hache pour me dégager. Je progresse lentement, avec difficulté. Les cris des animaux me troublent, l’angoisse me gagne. Par moment la végétation est tellement dense que le chemin semble s’évaporer. L’humidité est à son maximum, je continue malgré tout. Il me faut arriver avant la tombée de la nuit dans un endroit propice au bivouac.

J’ai entrepris ce voyage seule et je commence à le regretter. J’ai peur de cet environnement sauvage, peur de rencontrer des serpents ou d’autres espèces menaçantes. Pour m’aider je me suis inventé un mantra que je me répète à intervalle régulier : « il ne peut rien t’arriver, avance ». Je n’ai plus vraiment la notion du temps. Un pas après l’autre, j’entends fuir des animaux que je ne vois pas. Des cris plus ou moins proches mais pas de chants d’oiseaux, la forêt est trop sombre. J’ai peur…

Je me suis engagée dans ce voyage malgré les consignes de confinement données par les autorités gouvernementales. J’ai fui la nuit comme une voleuse avant que tout cela ne devienne obligatoire, que les frontières ne soient fermées et les avions cloués au sol. J’ai rejoint le Mexique et la forêt amazonienne. Mon but : rencontrer un chamane. Pas n’importe lequel, celui que mon ami m’a recommandé il y a bien longtemps. Des villageois m’ont indiqué un chemin approximatif, le chamane change souvent d’endroit…Sa cabane est blottie au milieu de la forêt, vais-je la trouver ? La vie de milliers de personnes est en danger depuis que ce virus s’est répandu sur l’ensemble de la planète. Les populations sont malades et meurent. Les médicaments n’existent pas encore et je crois que la médecine traditionnelle peut aider les hommes.

Je suis fatiguée, les moustiques et autres insectes m’ont attaquée de toutes parts. Après plusieurs jours de marche, épuisée, au loin j’aperçois une lueur. Est-ce la cabane de mon chamane ? C’est notre dernier espoir, il faut que ce soit lui !

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