En attendant le match

Que diable est-il allé faire dans cette galère ?

Gonflé de détermination, Tom a badgé la porte d’accès au vestiaire. Son sac est lourd de 2 raquettes, une paire de chaussures de rechange, un tee-shirt propre, une banane en cas de fringale, 2 bandeaux pour éponger sa sueur, et 2 bouteilles d’eau.

Dans la pièce sombre, un type en survêtement joue aux dominos. Spontanément, Tom tend la main :

– Bonjour, Martin. Tom Martin.

– What ? What do you say ?

– Sorry. My name is Tom Martin.

– OK. Bond. James Bond… Mais non, pauvre buse ! Je suis ton futur adversaire : Marc Distance.

– Ah, c’est toi ? Je ne t’avais pas reconnu.

– Normal, j’ai fait une couleur. T’es nerveux sur le court ?

– Euh, je ne sais pas. Pourquoi ?

– Parce que si tu pètes des cordes, la raquette de secours a intérêt à se démultiplier.

– Très drôle. C’est mon premier tournoi.

– On m’a dit ça. Entre dans la danse ! Alors, je t’offre ton premier duel. Tu me dois ça. Le numéro 1 français pour un début, c’est pas mal, non ?

– C’est une sacrée aventure, tu veux dire. Un match sans public, sans un seul encouragement ! Ils ont fixé l’horaire d’entrée sur le terrain ? C’est pour caler mon dernier passage aux toilettes, m’habiller, etc.

– Tu me plais, toi. Naïf comme un poussin qui sort de sa coquille. Et le désir de me coller une rouste, il est où ? Au fait, j’aime bien ton bandana turquoise. C’est ton sponsor ?

– Non, ma mère. Avec la crise, autant que dire que pour les commerçants de ma rue ou les potes, ça sentait le sapin. Alors leur demander des sous pour me payer des raquettes ou des fringues, ce n’était pas le moment.

– Je vois, je vois. Tiens, je te file la carte de mon assureur, l’Élan du Nord. Peut-être ont-ils une formule pour les débutants. Mais ne crois pas trop aux mirages. Et ne dis pas que c’est moi qui t’ai filé leurs coordonnées. Ils seraient capables d’exiger que j’échange des balles avec des marmots qui ne seraient même pas capables de renvoyer une balle de la taille d’une boule de bowling. Rends-moi service : tu me rapproches mon sac s’il te plaît ? J’ai entendu mon téléphone biper. Ah ! Retour à la maison. L’arbitre est contrôlé positif. C’est la fin du match.

– Le virus ?

– Non, il a trop fêté le bac de son fils, de son neveu, du fils du voisin. On attend qu’il dessoûle. Après, il lui feront une PCR.

C'est un peu par hasard que j'ai découvert le plaisir d'imaginer des histoires. D-Ecrire des vies. Et j'ai trouvé avec Cécile et Philippe, et tous les participants, de quoi cultiver l'enchantement. Merci à tous.

Ce contenu a été publié dans Atelier d'été. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire