Aristide et l’ombre

Aristide Tentacule arborait fièrement son haut-de-forme. Déjà perché à 1m92, cela lui conférait une stature qui impressionnait la gent féminine.

Mais pourquoi se grandir encore ?

– C’est parce qu’il est bas du front, ça le complexe, sifflaient les mauvaises langues.

Aristide avait peur de cette ombre qui le suivait par beau temps. Cette silhouette noire et immense qui ne le lâchait pas d’une semelle, qui l’accompagnait même dans les ruelles les plus étroites.

– Il est pas un peu siphonné, l’Aristide ? demandait-on dans le village.

– C’est petit et mesquin, éructait l’homme à la longue vue. Un instant ! Regardez-le ! Il danse !

– Comme une fille ?

– Ben non, il n’a pas de tutu rose. Il se tortille, s’enroule, se déroule…

– Comme un diable enragé, alors ?

– Ben non. Il n’a pas de cornes, ni de queue. Je dirais même, ses ondulations… c’est harmonieux.

En sueur et essoufflé, Aristide cesse de s’agiter.

– C’est bon, tu as fini ? demande l’ombre qui se réactive aussitôt. Je me suis formée à l’ombre d’un escargot. Alors, si tu te prends pour Mickaël Jackson, je suis largué !

Aristide laisse échapper un profond soupir. L’ombre tentaculaire le collera chaque pas qu’il ne dansera pas.

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Une réponse à Aristide et l’ombre

  1. Marija dit :

    Le texte est très mignon envers Aristide.
    Son irrépressible envie de se détacher de son ombre, les stratagèmes mis en place, sont plein d’humour.
    Le pauvre Aristide aurait-il peur de son ombre ?

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