Un bout de carte

Dans le bureau sombre qui sentait la cire, l’alcool et le tabac froid, l’homme aux traits veules lui mit entre les mains un morceau de carte déchirée.

« Tiens ce bout de carte. Ton contact, là-bas, aura l’autre moitié. Ce sera facile de vous reconnaître en les joignant l’une à l’autre. Il te donnera le reste des instructions ».

Tom rangea soigneusement dans son portefeuille le morceau de carton où l’on apercevait encore un trois et u carreau rouge, fit un signe de tête en guise de salut, et quitta la pièce.

Après vingt jours de voyage dans l’odeur acre des cales, ballotté par la houle, l’estomac sans cesse au bord des lèvres à moins de s’alcooliser outre mesure, (ce que Tom finit par faire), le bateau arriva dans le port du Havre.

Le garçon descendit en titubant, l’œil un peu vide, avec du mal à mettre de l’ordre dans ses pensées.

Une taverne enfumée, mais où l’on servait une nourriture solide accompagnée de bon vin, lui rendit ses facultés de réflexion.

Il lui fallait trouver une moitié de carte. Plus exactement, le détenteur d’une moitié de carte. Bon sang ! Mais cette ville contenait des milliers de personnes !

Procéder par élimination. Bon nombre de ces personnes n’avait aucune raison d’avoir un lien quelconque avec e contact qu’il cherchait. A priori, il pouvait déjà éliminer les nobles, les bourgeois, les gens « biens » ou qui croyaient l’être.

Cartes. Jeu. Joueurs.

‘Hey, blanc bec, une petite partie, ça te dirait ? »

Tom se retourna vers l’homme qui venait de l’apostropher.

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