La douceur de son cœur berçait chaque émotion pour pouvoir rester debout. Chaque tremblement de corps, chaque tremblement de voix, chaque geste maladroit, chaque parole brusque trahissaient un secret qu’il voulait tant cacher, camoufler, enfermer, enterrer. Il hurlait à qui voulait l’entendre « je suis fort, je reste debout ». Il ne parlait jamais des coups pris, ni des coups bas, ni des coups de poing.
Sa peau s’était durcie, son cœur s’était transformé en pierre, son regard s’était noirci. Il avait grandi, s’amusait-il à avouer quand la nostalgie l’envahissait.
La veille d’un printemps qui s’annonçait doux et ensoleillé, il l’avait bousculée, sans le faire exprès, sur un trottoir trop étroit pour deux doux rêveurs. Chacun était perdu dans ses pensées, aucun ne regardait vraiment ni devant soi, ni ses pieds. Le choc fut à la fois doux et brutal. Doux parce qu’ils s’étaient plus frôlés que bousculés, brutal parce que ce contact les avaient sortis d’un endroit où ils étaient bien.
Étaient-ils prêts à en sortir, à revenir à la réalité ? Ils n’avaient pas pu se poser la question. Le hasard de la vie les avait réveillés en même temps, sur ce trottoir gris et sec, par un coup d’épaule.
Leurs yeux se sont fixés quelques secondes, chacun dévoilant son âme profonde. Leurs joues rosirent puis, dans un même élan, ils dirent « Pardon, désolé (e), je ne vous avais pas vu (e) », d’une voix assurée et perdue à la fois.
Un sentiment étrange les envahit. Elle frotta son épaule un peu endolorie, il tendit la main puis se ravisa. Ses jambes tremblaient. Pourtant, il n’avait pas peur, il sentait la douceur de son cœur. Il lui sourit timidement. Il se racla la gorge et tenta : « Ça vous dirait de prendre un verre à la terrasse d’un café ? Il fait beau aujourd’hui, le ciel est bleu, il fait doux… ». « Oui, avec plaisir », l’interrompit-elle.
Il avait désespérément besoin de s’asseoir pour mieux se sentir debout, ancré. Elle le chamboulait. Elle brisait sa carapace. Elle faisait fondre son cœur glacé.
Un simple coup d’épaule et il sentait au fond de lui qu’ils se tendraient toujours la main. Ressentait-elle la même chose ? Il ne voulait pas se poser la question, juste profiter de l’instant, du coup du destin, de la main tendue.
Utiliser le Blog
-
Textes par auteur
Commentaires récents
- Marija dans Que la lumière soit
- Marija dans La vérité comme un sac de couchage
- aliette dans Que la lumière soit
- aliette dans La vérité comme un sac de couchage
- aliette dans Le calendrier de l’Avent
- Monique M dans petite chronique des Dolomites 5
- Françoise L dans Le calendrier de l’Avent
LIVRES AIMÉS
Une belle promenade dans la petite ville de Kamakura, à (suite…)
Une charmante et attachante petite fille pour faire découvrir la (suite…)
Je vais vous faire un aveu ; j’ai relu l’ouvrage, plusieurs (suite…)
Philippe Labro relate une EMA (Expérience de Mort Approchée). Avec (suite…)
Réservée à des initiés, dans notre conscience collective, la méditation (suite…)
Pour ceux qui aiment « La promesse de l’aube » de Romain (suite…)
Dans cette bande dessinée, Christophe Blain, journaliste cool, un peu (suite…)
-
Derniers textes mis en ligne
- Bouquet de chats et dos-crawlé
- Ariane et le funambule
- Le funambule
- Sous le ciel d’orage
- Le Noël d’Alice au Pays des Merveilles
- Le Noël de la libraire
- Un aventurier trop craintif
- En retard pour Noel
- Vacances en bord de mer
- Règlement de compte
- La dernière tournée du Père Noël
- C’est aussi ça Noël
- Un cake à la banane pour Noel
Recherche
Classement des textes
- Atelier au Long cours (259)
- Atelier Buissonnier (263)
- Atelier d'été (91)
- Atelier Découverte (10)
- Atelier Ecriture-Collage (60)
- Atelier Papillon (829)
- Atelier Parent-Enfant (121)
- Atelier Petits papiers (97)
- Atelier Web sous les toits (9)
- Balade-Ecriture (51)
- Les ateliers d'écriture (7)
- Livres aimés (37)
- Musée-Ecriture (30)
- Non classé (12)
Archives