De père en fils ou presque

Dans la famille Boucher, on est chirurgien de père en fils. Pas question d’avoir l’estomac fragile, la découpe de barbaque, c’est leur pain béni quotidien. Jules, puis Albert ont fait les beaux jours de la Faculté. Naquit Odilon, plus enclin à lire le Club des 5 que se repasser en boucle « Massacre à la tronçonneuse ». Dans une famille de pros du bistouri, il est vite passé pour un idiot, un faible qui déteste les gestes brusques. Biberonné aux contes de saigneurs, il a acquis la conviction que planter des plaques et des vis exigeait un sacré coup de poignet.

Odilon se plaisait à baguenauder dans les pâturages, ramasser ce qui vient, glaner tel une belle des champs les pissenlits comme les pâquerettes. Ses père et grand-père avaient beau marteler que la chirurgie, c’était l’amour des corps, le jeune homme envisageait d’autres manières de chérir.

Au lieu de ramper et céder devant le courroux des patriarches, il opta pour une médecine douce. La profession d’esthéticien n’étant pas reconnue, il devint coiffeur.

 

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