Dracula

Dracula

 

Le coronavirus c’est le pied. Il n’y a jamais eu autant de cercueils. Il en circule peu d’un pays à l’autre mais c’est suffisant. S’il se débrouille bien il fera l’Europe en un mois. Normalement il ne sort que la nuit, il a dû s’adapter un peu. Les noctambules sont disparu. Mais les joggers du lever du jour sont apparus. Et là plus besoin de se presser, de faire des coups en douce. Il regarde sa proie évoluer. Ça le fait bien rire tous ces joggers d’opportunité qui crachent leurs poumons au bout de 50 mètres. Il préfère les coureurs aguerris. Ils sont en bonne santé, ont le sang frais, bien oxygéné. Il se fout du covid-19 comme de tous les virus. Rien qu’en les regardant suer il savoure le goût le sang frais bien oxygéné, plein d’énergie. Aujourd’hui il a atterri à Roissy, convoi militaire. Ça n’a pas été facile de sortir de là. Mais sans effort où est la jouissance ? il va aller se ravitailler autour du parc Monceau. Il en profitera pour regarder les immeubles. Ça lui plairait bien un appart ici. Avec son masque et ses lunettes il passe inaperçu. Il est 5 heure. Il se met en poste rue de Murillo et il attend. A 6h30, une brunette surgit. Vêtements beiges, IPhone en manchette. Le pas souple et long. Une vraie coureuse. Elle porte un chignon. Il la suit en trottinant tranquillement. Elle prend à gauche et s’arrête devant les grilles du parc pour faire des étirements. Il la fixe et la soupèse du regard. Elle ne l’a pas vu. Il réfléchit, je m’approche comment. Il réalise qu’avec le covid, s’il s’annonce elle va reculer. Ça va compliquer les choses. Il avance lentement. Elle l’entend. Il bondit. Et voilà, c’est fini. Pas terrible, une végétarienne sans doute. Il déteste cette mode du légume. Il lui faut un bouffeur de viande. Il lui faut un homme. Il balance le cadavre le long de la grille et se dit que c’est un bon spot pour attendre le prochain

En attendant il élabore son prochain voyage. La Sibérie lui était venue à l’idée. Ce n’est pas vraiment l’Europe et il faut voyager pas mal, mais le silence ça lui disait bien. Mais le covid avait changé la donne. Le silence est partout désormais. Ici on n’entend plus que les oiseaux. Il se boirait bien un petit verre. Après une saignée il n’y a  avait rien de mieux qu’un petit verre de Saint Emilion. Mais l’arrière-goût de légume de la fille faisait plutôt souhaiter une bonne rasade de vodka. Des pas. Des pas lourds. Un homme. Il s’agite devant les grilles et attend sa proie. L’homme s’arrête et se met à faire ses étirements. Celui-là est un peu gras, sûrement pas un vrai jogger. Le sang sera moins frais mais c’est sûrement un bouffeur de viande. Il s’éloigne, revient en douce, l’homme recule, il se jette à sa gorge. Et voilà, c’est fini. C’est tellement simple qu’il va finir par faire une indigestion. Cette fois le sang appelle un bon Saint Emilion. Il est temps de dégager.

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