La vérité c’est comme un sac de couchage

La vérité c’est comme un sac de couchage !

Une petite phrase dite avec un ton sentencieux, un regard perçant, mais j’eus beau me creuser la tête, je ne compris pas tout de suite ce que cela voulait dire..

Sur cette déclaration plutôt absurde selon moi, mon oncle me laissa partir. Au détour de cette phrase, finit pourtant par pointer la piqure de la culpabilité. Car enfin, il avait bien voulu parler de mon mensonge, de ma tricherie. Mais comment avait-il su ? Comment avait-il compris ?

J’eus beau me creuser la tête, je crois que celle-ci était décidément bien vide. C’était moi qui avais triché et c’est mon cousin qui avait été puni. C’était … je ne trouvais plus les mots, mon cœur battait trop fort, mais comment m’en sortir maintenant ?

C’était bien ce que mon oncle avait voulu me dire. Il avait attendu que l’on soit seuls pour me faire savoir qu’il avait compris. Devais-je dire la vérité ? je n’en avais vraiment pas envie, et puis d’ailleurs pourquoi ? Mon cousin et moi, on était dans la même école, mais nous n’avions pas cours ensemble, alors je n’avais qu’à l’éviter un peu, jusqu’à ne plus sentir cette satanée piqure… Elle finirait bien par cesser, cette épine entêtante … mais elle s’activait particulièrement lorsque mon cousin me laissait gentiment la dernière part de gâteau, ou qu’il me prêtait son T-shir favori pour aller jouer au foot..

Les jours passaient et les vacances allaient bientôt se terminer. Et je ne trouvais toujours pas la solution à cet épineux problème … ou plutôt je ne voulais pas m’avouer que la solution était devant moi. La lourdeur de ma tête, mes silences inhabituels finirent par alerter ma mère qui crut que j’avait peut-être chopé un virus quelconque. Le monde entier finissait par crouler autour de moi, je n’en pouvais plus de ce poids, il fallait que je la livre cette vérité.

Je choisis une journée seul avec ma mère, sachant qu’elle me passerait probablement un bon savon, mais finirait également par reconnaître la sonorité de la vérité en moi. Une fois dite, la piqure diminua en puissance, et le soir venu, alors que mon cousin dormait dans ma chambre, à même le sol, dans un sac de couchage, je pris mon courage à deux mains et sans perdre mes moyens, je lui avouai mon lourd secret.

Je m’attendais à tout mais il se mit à rire bruyamment et me lança : « je me demandais quand est-ce que tu allais cracher le morceau ! j’avais dit à mon père que tu finirais par lâcher ! ».

Et là, je compris vraiment ce que mon oncle avait voulu dire.

Ce contenu a été publié dans Atelier Papillon. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.