Le ballon qui s’envole

Il regarde s’envoler le ballon que le vent lui a arraché des mains. Il est si petit au lieu de ce grand vallon. Les larmes arrivent dans ses yeux. Il sait que l’on ne revoit pas un ballon qui s’envole. Sa maman lui avait acheté la  veille à la fête du village et il ne l’avait presque pas quitté depuis. Il était un peu effrayé de tous les bruits qui s’échappaient des stands. Bruit mécanique des manèges, tirs à la carabine, cris à l’intérieur du train fantôme. Tout lui paraissait gigantesque du haut de ses cinq ans. Ni présent, ni absent, il espérait un ballon, sa mère lui avait promis. Il était trop petit pour apprécier les autres attractions. Un homme était posté à côté des chichis et des pommes d’amour. Il tenait tous ses ballons qui, agités par un léger vent, laissaient sortir une espèce de bruissement. Les yeux de l’enfant s’illuminèrent, son corps agité par la joie. Celui qu’il voulait, c’était celui qui représentait une licorne. Il ne savait pourtant pas ce que c’était, il n’en avait jamais vu. Mais les bords brillants l’attiraient. Et aussi, l’omniprésence des couleurs. Il était témoin de quelque chose qu’il n’était pas près d’oublier. Il attrapa la main de sa mère et n’avait plus qu’une idée en tête, rentrer chez lui. Reprendre le chemin qui menait à sa maison, bordé de coquelicots, le soleil orangé s’y couchant. Regarder son ballon, à l’abri de sa chambre, le souffle suspendu, les yeux grands ouverts et lui parler. Il s’était endormi, le ballon accroché à son lit. La tête pleine de rêves où il survolait la campagne au bout de sa licorne. Contemplant sa maison, enchaînant les passages. Au petit matin, à son réveil, il était pressé d’aller courir dehors avec son ballon, et c’est là que le ballon s’envolât, le laissant triste et pleurant, appelant sa maman pour être consolé de ce grand chagrin pour un petit enfant.

Corinne J