Sous un toit percé

Tout autour d’elle, les lumières vibraient et les sons aveuglaient. Pour la nième fois depuis qu’elle était arrivée, elle se demandait pourquoi elle était là. Puis les derniers jours lui revenaient immédiatement en tête. Le goutte à goutte qui avait emplit soudainement l’espace du salon et la montée des eaux silencieuse qui avait suivi. avec Antoine, ils s’étaient précipités armés de serpillières et de bassines pour endiguer la piscine qui se formait. Et cette phrase inoubliable : « Olala, le toit fuit. » Elle l’avait regardé interdite avant de répliquer, tout en essorant le tissu détrempé : « Non tu jures, j’avais pas remarqué. » Ils avaient continué tant que la pluie tombait dehors et dans le salon. Le lendemain, ils étaient monté sur le toit pour voir les dégâts. Ils allaient de déception en déception. Et là, assis à califourchon sur les tuiles, ils s’étaient mis à rêver tout haut. A tout ce qu’ils pourraient faire si ils avaient l’argent. Aux réparations. Aux améliorations. Aux voyages. Aux loisirs. C’était le moment qui l’avait conduite à tenir une paire de dés au milieu d’un casino bondé. Et à présent, elle avait la pression de continuer à rêver à partir d’un simple jet.  Et si ce jet changeait tout. Que pourraient-ils faire ? Qu’auraient-ils envie de faire ? Avait-elle seulement envie de tout cela ? Elle regarde alors les dés dans sa main puis les posa. Elle reprit ses jetons et son argent. Et sans un regard en arrière repartit d’où elle venait. Elle n’avait pas besoin des dés, elle avait déjà gagné l’amour. C’était bien suffisant. Sa vie avec Antoine et leur maison branlante était bien suffisante. A cet instant, elle n’avait envie que d’une chose. Retourner rêver sous son toit percé. Le reste pouvait bien attendre. Parce que leur amour était bien là, il brunissait sous leur toit percé et ils n’avaient pas besoin de dé pour cela.

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