Vérité, mensonge, et sac de couchage

La vérité, c’est comme un sac de couchage.

 

Elle s’enroule, se déroule là où tu veux ; tu l’imposes à ta façon. Tu la choisis, elle te ressemble. Elle est mystère, lorsqu’elle enrobe un corps inconnu dans son sarcophage.

Tu la caches, elle se fâche et campe dans ton salon. Alors tu l’amadoues, tu la replies poliment en lui disant « A ce soir », et tu la fous dans la cave, dans le noir. Quand tu te sens bien, elle épouse tes formes et te réchauffe le corps et l’âme. Et si le sac te démange, c’est qu’elle te pique le cœur.

Alors tu l’éloignes de toi ; ça te gratouille, ça te chatouille, et tu n’aimes pas ça. Ton nez s’allonge dans le mensonge ; tu fais un détour pour ne pas rencontrer ton profil coupant comme une serpe. Le mensonge, c’est de la mauvaise herbe.

Tu fuis, tu as honte, tu n’assumes pas. ce soir encore Ella te dira « Et maintenant, on fait quoi ? ».

Dans ton école, on apprends à être bien. T’as dû sécher le cours sur la bienveillance et tout le tintouin.

Tu te casses, tu ne sais pas où tu vas. On court après la vérité, parce qu’elle manque souvent ; toi, tu cours devant elle, de peur qu’elle ne te rattrape.

« T’as encore fait une connerie ? » demandera Ella encore une fois.

Le silence, toujours, tu garderas. Ella te renverra chercher le sac de couchage. « Cours à la cave et restes-y. Je ne veux pas te voir ce soir ; tu mens plus que tu ne m’aimes ! ».

Ton enveloppe de chair, ton squelette et ta tête ne seront que lourdeur. Comment sortir de l’étau ? Vas chez Casto, y a tout ce qu’il faut. Tu t’es perdu dans ton monde, où la vérité t’apparaît immonde, avant que devant un tribunal tu ne répondes.

La sonorité du jugement te blessera les oreilles. Le poids de la faute te tombera sur les orteils.

« Tu l’as bien cherché, non ? » critiquera Ella, à longueur de journée. Être accusé de tous les maux, ce n’est pas la panacée.

Au fond, qu’est-ce qui te fait peur ? Dire vrai, ou être un menteur ?

Toute vérité n’est pas bonne à dire, mais n’en dire aucune, c’est encore pire.

Alors voilà, tu perds tes moyens, dans quelques jours il ne te restera plus rien. Parce que tu n’as pas voulu reconnaître une histoire de fesses, ou ton addiction au PMU.

 

 

Merci à Julien pour la citation.

C'est un peu par hasard que j'ai découvert le plaisir d'imaginer des histoires. D-Ecrire des vies. Et j'ai trouvé avec Cécile et Philippe, et tous les participants, de quoi cultiver l'enchantement. Merci à tous.

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