Volupté

Le miroir était entouré d’ampoules rondes qui donnaient à la pièce une allure de coulisses de cabaret. Maud aimait cette lumière douce et jaune. Elle passa une main dans ses cheveux. Avec ses doigts, elle démêla une mèche ou deux. Assise sur la marquise, elle plia une jambe, tendit l’autre et se pencha pour défaire sa chaussure. Le lacet lui montait jusqu’à la cheville, elle tira doucement dessus et décroisa le fil, délicatement. Elle changea de jambe et fit, un peu moins habilement, le même geste pour son autre pied. Elle roula son bas, puis l’autre.
Elle se redressa, s’accouda sur la coiffeuse, posa son visage dans ses mains et sourit à son reflet. Elle attrapa du coton, du démaquillant et glissa le lait sur son visage. La caresse du coton dévoila sa peau propre et blanche quand il récupérait les traces de tous ses fards.
Elle aimait son rituel du soir. Elle se trouvait toujours plus belle sans tout ce maquillage. Chaque soir, elle se décoiffait avec volupté. Cela lui procurait beaucoup de quiétude et un début de bonheur.
Dans son immeuble, le soir, il lui arrivait d’entendre des bruits étranges, comme si des hirondelles s’y étaient installées en secret. Elle les imaginait prendre leur envol en claquant des ailes et en sifflant comme des rouges-gorges.
Maud entendait aussi les bruits communs d’un immeuble mais s’attardait sur ceux qui lui paraissaient venir d’ailleurs. Plutôt que le vent et la pluie, elle entendait l’écume lécher les portes et les fenêtres.
Elle rêvait avant même d’aller se coucher. C’était la route qu’elle aimait prendre pour s’enfoncer dans la nuit. Elle s’endormait souvent avec la lumière du miroir allumée. L’ambiance tamisée la réchauffait. Elle s’allongeait, tournant le dos à la lumière, face à une carte du monde qu’elle a tant de fois visité. Elle sentait le soleil lui effleurer le dos et les yeux mi-clos, elle s’endormait sur une plage de sable chaud.

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