Dans la chambre

J’ai rejoint la fraîcheur de la chambre, heureux de retrouver ma solitude et le calme. J’aime nager en solitaire sous le ciel gris des matins d’orage. J’aime fendre l’eau encore plate et l’odeur des pins autour. Mais je déteste la chaleur quand elle s’abat sur la plage, quand vient le monde des baigneurs bruyants, les femmes dénudées que seul un chapeau protège du feu.
J’ai de plus en plus mal aux yeux ces derniers temps. Faut-il que je consulte un docteur ? Le grand air me semble néfaste. Je préfère rester dans ma chambre. Malgré la chaleur, je supporte ma grosse couverture rouge. Je m’allonge et somnole, du sel encore sur la peau et dans mon sommeil, ce demi sommeil plutôt, je tangue et vois des reflets d’eau.
Qui est cette femme au regard fixe qui ne se mêle à personne et que je n’avais jamais vue jusqu’alors ? Est-elle invisible pour que moi seul semble la remarquer ? Elle était débout ce matin encore, immobile, elle regardait vers l’horizon. Je ne l’ai pas saluée ; j’ai plongé comme à mon habitude et voilà que son regard me poursuit.
Ce chemin sous la chaleur montante m’est de plus en plus pénible. Faudra t’il que je renonce à mon bain du matin ? Ou me faudra t’il y aller plus tôt ? Cette nuit, j’ai dormi la fenêtre grande ouverte et j’entendais la mer, là-bas, qui frémissait dans le silence, léger clapotis, présence rassurante. J’ai failli me lever pour la rejoindre et me glisser dans sa tiédeur si accueillante. Une nuit, j’irai. Déjà en pensées j’y suis et cette douce rêverie à la fois me vivifie et m’apaise.
Vivement septembre que les hommes nous laissent tranquilles, la nature et moi. Que la fraîcheur revienne, que cesse cette douleur qui enflamme mes yeux.

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