La petite au bonnet

Un bruit, je regarde par la fenêtre. Le soleil brille dehors. Je le sens sur mon visage. La forte lumière brouille ma vue. Je ne distingue pas bien ce qui se passe. Le calme règne dans l’ombre de l’appartement, les plantes vertes respirent tranquillement. Un homme sans chapeau passe dans la rue, les rayons lumineux poudrent ses cheveux et sa barbe rousse de petites étincelles orangées. Son regard azur absorbe le ciel. Comme il doit avoir chaud avec son col de veston fermé. Il aurait du le laisser accrocher à un clou dans sa petite chambre. Je l’imagine dépouillée, les murs presque nus, malpropres, un lit en bois de guingois trônant dans un coin sur le pavé usé. Dans le square, assombri maintenant, j’aperçois la sculpture de cet étrange animal vert. Il a des pattes de batracien, des ailes de chauve-souris et une tête de pélican. Son regard fixe et féroce terrorise les enfants qui viennent jouer. La petite aux allures de princesse s’en tient toujours éloignée. Coiffée d’un élégant bonnet brodé, de temps à autre elle jette de brefs coups d’œil inquiet dans sa direction. Elle espère que le monstre ne bougera pas de son piédestal. Je songe à l’été qui s’installe, le square va retrouver un peu de calme, les carpes dans le bassin seront moins nourries. Et l’automne bientôt apportera son lot de feuilles mortes. Les grosses pommes de pin serviront à allumer le feu de bois. Sous un ciel chargé de nuages, chacun reprendra le chemin du travail, fini les parties de pêche en haute mer et les rivages exotiques. Les carnets de voyage seront remplis de souvenirs. Le train du retour n’attendra pas, fumant, brinquebalant, toujours à l’heure et fidèle

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