Sœurs siamoises

Tous les jours à 17 h Joséphine et Ursula se retrouvent au café Edouard à l’angle de la Ve avenue.
C’est leur QG depuis tellement de temps qu’elles ne savent plus comment elles se sont rencontrées.
Leur rencontre quotidienne est un moment essentiel pour ces deux élégantes à la dérive. Elles ne savent comment occuper leurs journées. Cependant ce rdv quotidien les maintient vivantes.
Elles se pomponnent , réfléchissent à leur tenue , au chapeau le mieux adapté au tailleur choisi, se maquillent, s’embellissent.
Joséphine et Ursula refusent de vieillir.
Ensemble autour de leur tasse de thé, elles se remémorent leurs voyages .
Joséphine raconte son périple à Tahiti , son étonnement à la vue de ces femmes qui dévoilaient leurs seins sans pudibonderie, avec un naturel incroyable. Elle émergeait dans un monde inconnu. Ses valeurs étaient bousculées .
La surprise passée, Joséphine se laissa bercer par la nonchalance, la lascivité de ces femmes et passa dans ces lieux de merveilleux moments.
Ce fut le voyage de sa vie.
Revenue à New York, elle souhaita garder ce rêve réel et vécut, après son divorce, dans son monde.
Auprès d’Ursula , elle revivait.
Son rendez vous quotidien était essentiel à sa raison.
Jeune, Ursula était partie vivre au pays des Touaregs. Elle y était restée quelques années et était rentrée désemparée et désœuvrée à New York.
Ce rendez vous quotidien avec Joséphine était également vital.
Toutes deux, elles se racontaient inlassablement les mêmes anecdotes des épopées de leur jeunesse en fumant cigarette sur cigarette, en sirotant leur thé.
Elles étaient hors de leur vie actuelle qui les désespéraient .
Elles espéraient conquérir un auditoire tout en sachant que leur solitude était scellée.
Elles s’en moquaient, siamoises , le temps d’un thé partagé.

J'écris depuis mon adolescence...comme beaucoup j'ai tenu un journal intime puis j'ai écrit des poèmes puis des textes et quelques petites nouvelles. J'adore lire depuis que je sais lire . Les livres furent mes premiers amis .

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