La vieille femme voûtée ramasse comme tous les matins des coquillages au cours de sa balade matinale. Elle le fait machinalement. C’est un geste qui ne lui appartient plus. Les coquillages blancs, rosés et nacrés grands ou petits s’amoncellent dans son éternel sac en jute bleue défraîchi. Lorsqu’elle sent le poids de son sac , elle sait qu’il est l’heure de regagner sa maison au milieu des landes irlandaises au bout du village de San Orn . Là où le vent hurle la nuit. Ceux qui ne sont pas des natifs de San Orn se réveillent en sueur la nuit effrayés par la puissance de ce vent et imaginent un monstre marin sorti des eaux et massacrant de son poids le village.
Hier , un jeune vagabond en sandales a toqué à sa porte . La légendaire hospitalité d’Irén a permis à ce jeune homme de dormir à l’abri cette nuit là.
Au petit matin, Iren est partie comme à son accoutumée marcher le long des falaises blanches , respirer les embruns et ramasser des coquillages qui la nourrissent et nourriront aujourd’hui son hôte.
L’extrême pauvreté ne nuit pas à sa générosité . Elle accueille , offre le gite et partage son maigre repas. Ses parents agissaient ainsi . Elle perdure cette tradition séculaire. Elle ne se pose pas de questions . Elle offre, partage .
Un thé , des coquillages cuits au chaudron , des baies sauvages et un peu de pain maison. Un festin.
Iren racontera une fois de plus les aventures de San Orn au jeune étranger perdu dans la lande irlandaise en ce début d’été.
Encore un jeune en quête d’authenticité.