Amour fut si vaste !
Amour fut un printemps dont nous avons goûté chaque parfum
Amour fut un été brûlant, dont nous avons cueilli les fruits, doux et charnus
Amour connut l’automne plus d’une fois, ses tempêtes et ses couleurs de feu, ses lumineux étés indiens
Mais Amour se perdit, Amour se rétrécit, enroulé sur lui-même genoux contre poitrine, bras autour des genoux, serré serré, petit petit jusqu’à la taille d’une tête d’épingle, et disparut entre les lattes du plancher.
Où sont tes bras qui autrefois me saisissaient, ton haleine dans mon cou, tes mains qui couraient sur ma peau
Amour, ta mémoire est paysage, flot continu de souvenirs où je me perds
Amour est un hiver, je suis glacée dans la maison abandonnée
Hiver saisit Amour dans ses bras et comme un ours en sa caverne, Amour s’alourdit et s’endort
Je marche, je parle, j’agis en automate, Amour hiberne en moi
Hiver me parle d’une voix sourde
Hiver me berce et ne craint pas mes larmes
Hiver, le lourd, le froid, l’imperturbable sait que du profond de la terre, les graines ensommeillées entendront l’appel du printemps, les ours tituberont hors de leur trou, Amour s’étirera et s’éveillera à une vie nouvelle.