Vide grenier

En vidant le grenier nous avons trouvé un pantalon de marin en tissu rêche et lourd. Grand- père, tu portais vraiment ce truc à gratouilles sur ton bateau , pendant la guerre 14/18 ? Et là, dans un vieux sac à patates, c’est quoi ? Un masque à gaz ? Vestige encore de la guerre! Comme votre jeunesse a été dure et pourtant vous étiez si drôles grand- mère et toi. Nous avions oublié que deux guerres interminables avaient traversé votre vie.

En vidant le grenier nous avons trouvé une collection complète du «  petit écho de la mode »C’est vrai, grand- mère nous confectionnait des robes  quand nous étions petites ,ma soeur en a les larmes aux yeux. » Oh!oui ma robe jaune avec un galon plus foncé, tu te souviens ? » En vidant le grenier nous sommes restées immobiles, inondées de souvenirs, à contempler la poussière dans un raie de soleil tremblant à travers la lucarne. Puis nous avons secoué la poussière, bousculé les livres, mis les journaux sur les marches, empilé les bibelots inutiles dans un grand carton. « Regarde là tu le vois ce groupe de personnages en porcelaine, qu’est- ce qu’on a pu se chamailler pour savoir qui l’aurait sur sa table de nuit! Pour éviter les querelles grand- mère l’avait donc caché au grenier sous une pile de vieux draps. On s’est toujours demandé où il était passé «  Et nous sommes tellement émues que soudain nous nous taisons.

En vidant le grenier nous sommes redevenues ces gamines espiègles qui piétinaient le carré de fraises pour en grappiller quelques une et se faisaient gronder, ces gamines insouciantes, assises près de leur grand- mère ou marchant  avec elle dans les prairies en chantant à tue- tête , en chantant faux sans doute mais joyeuses, tellement joyeuses. En vidant le grenier nous avons retrouvé les mains calleuses de notre grand- père et son absence, à tout jamais.

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