Ben dis donc !

– Ben, ben, ben
– Quoi ben ? Qu’est-ce que tu veux dire ?
– Ben, ben, ben
– Ben oui, je comprends bien que t’es énervé mais tu vas pas te mettre à pleurer aussi !
– Ben, ben, ben
– Arrête, putain. Tu la craches ta valda ?
– Ben, ben, ben
– Ouh, il faut que je me calme parce que, si je m’énerve encore plus, tu n’arriveras à sortir aucun autre son. Allez, respire avec moi. Inspire. Expire. Encore une fois. Inspire. Expire.
– Ben, ben, ben
– Ah non ça suffit de bredouiller comme ça, si on peut vraiment qualifier tes onomatopées de bredouillages.
– Ben, ben, ben
– Franchement, arrête, arrête vraiment sinon tu vas mal le vivre quand je vais te remonter les bretelles.
– Ben, c’est pas ce que t’es en train de faire ?
– T’as fait une phrase entière ? Sans déconner ? D’un trait ? Cul sec ?
– Ben quand tu me laisses la parole, j’arrive à le faire, connard !
– Et en plus, t’arrives à y ajouter de l’insulte. Tu prends la confiance un peu là, non ?
– Ben oui, j’ai pris le fameux breuvage de la voisine.
– Quel breuvage ? Quelle voisine ? Tu parles à d’autres gens qu’à moi ?
– Ben figure-toi que c’est possible oui. Les autres, ils me laissent m’exprimer. Ils laissent le temps au starter.
– Bref, là tu parles trop. C’est vraiment trop bizarre. Bientôt tu vas me dire que tu sais te cabrer comme une brebis, que tu as trouvé de l’ambre au creux d’un arbre.
– Ben non, c’est toi qui racontes n’importe quoi là !
– Comment ça je raconte n’importe quoi ? Mets-toi à ma place un peu.
– Parce que toi tu essayes de te mettre à ma place quand je n’arrive pas à parler ?
– Bien sûr que oui. J’ai fait preuve d’une patience inégalable.
– Ben, avoue que tu t’y es pris comme un pied.
– Comment ? … Ben, ben, ben
– Ah, c’est ton tour ?
– Ben, ben, ben
– T’as vu c’est chiant, non ?
– Ben, ben, ben
– T’as pas l’impression que t’as le mot sur le bout de la langue ?
– Ben, ben, ben
– Et qu’il faut que t’ailles le chercher dans les décombres de ta connerie ?
– Ben, ben, ben
– Tu voudrais que je fasse preuve de la même patience que toi pour que t’arrives à passer ton triple ben.
– Ben, ben, ben
– Regarde-moi bien dans les yeux. Tu sens la panique qui s’installe dans tout ton corps ? Tu sens ton cerveau qui se gèle ? T’as pas l’impression que tu vas faire une syncope, juste là maintenant ?
– Ben, ben, ben
– Oui, je sais, tu voudrais que je t’aide. Et je le fais, crois-moi. Et mieux que toi. Vas-y, respire. Inspire. Expire. Encore une fois. Inspire. Expire. On va peut-être avoir une conversation saine et normale maintenant.
– … Merci, je n’y croyais plus !

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4 réponses à Ben dis donc !

  1. Aliette S dit :

    ah ! voilà un échange qui décoiffe ! C’est bien rendu en tous cas ! Bravo

  2. Emmanuelle P dit :

    Triple ben, triple bravo pour cet échange rythmé ! Merci Marija !

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