Courir

J’aime courir au coeur de la nuit. Très tard ou très tôt. Je cours à la lisière du sommeil, j’imagine que mes pas résonnent dans les rêves des maisons endormies. Avant l’aurore et la rosée, l’air est si pur, si brut. Il n’a pas encore été inspiré et expiré des milliers de fois. Il sent la terre, l’eau, la sève épicée des sapins qui bordent la route.

Le froid murmure des histoires d’épouvante, ma peau devient chair de poule. Quelques étoiles brillent encore. J’aime être éveillée quand les autres dorment. Je cours sur mon îlot, je veille, je garde un oeil sur ma folie. Elle se tient calme, à l’abri du soleil. Je croise quelques esprits en pleine farandoles. Surpris, ils s’évporent.

J’aime courir la nuit. Toutes les époques se mélangent et les frontières sont troubles, perméables. L’aube me talonne et j’ai les muscles endoloris. Elle me rattrape toujours mais je ne désespère pas de la semer, au détour d’une ruelle.

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