Héritage

Les moineaux dans le ciel de la patrie maternelle m’accompagnent chaque fois que j’y reviens. Bords de mer aux ciels changeant et toujours lumineux et inattendus, parmi les mouettes et les goélands, ils se nichent dans la ville et mes souvenirs.
Le ciel se teintait de rose tous les soirs, quel que fut le temps de la journée, en déchirures flamboyantes et mélancoliques. Ces jours s’écoulaient étranges et irréels.
Elle n’était plus là et pourtant la porte n’avait pas encore été tout à fait refermée. On ne pouvait l’évoquer sans pleurer encore. On attendait que la messe fut dite pour reprendre le cours de nos vies.
Devant l’âtre le soir, on se serrait doucement en silence pour se consoler. Les mots volaient en silence et dans nos cœurs.
Son trésor était secret et personnel. Nous le savourions chacun à petits coups de chagrin, seuls et ensemble à la fois.
De miette en miette, nous retrouvions des souvenirs et des histoires passées, oubliées ou enfuies. On se posait subitement des questions qu’on regrettait de ne pas avoir formulé à temps et dont on ne connaîtrait jamais la réponse.

Dans la boue du marécage, on essayait de ne pas laisser d’empreintes. Le repentir n’avait plus sa place dans l’aurore qui s’annonçait.
Le soir, le ciel se déchirait toujours mais la corde ne nous serrait plus autant le cœur.
Aujourd’hui, quand je retourne dans la patrie maternelle, une nostalgie douce et tendre au goût de pommes et de cannelle m’accompagne avec le bruit des vagues en bord de mer.
La patine du temps nous polit peu à peu et l’insouciance vagabonde du chant des moineaux est désormais mon héritage.

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2 réponses à Héritage

  1. Emmanuelle P dit :

    J’aime beaucoup la poésie du texte, qui se déroule comme une vague.

  2. Aliette S dit :

    Bel héritage doux amer… Merci pour ce texte !
    Aliette

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