La femme et le chien

Une éclaircie. Un rayon de pluie. Une grosse averse. Un brin de soleil. Mars et ses giboulées. Mars et ses chamboulées. Oui, je sais, c’est un néologisme, mais je ne sais plus quoi dire lorsque je pars cheveux au vent pour une escapade, et que je reviens les cheveux collés sur la crâne par le pluie qui ne m’a pas ratée.
Il y en a qui aiment ce climat alternatif, d’autres moins. Tiens, le chien de François, dès que les nuages trop pleins se crevaient, il se ruait en dessous, la gueule ouverte, pour boire, se rincer les poils, que sais-je encore. Pas question de lui faire prendre un bain, ça non ! Louise avait essayé, mais il avait joué la comédie, râlant comme un mourant, les 4 pattes en l’air, priant pour qu’on lui administrât l’extrême onction. Un carré de chocolat, quoi.
Mais dès qu’une giboulée arrosait le jardin, alors là il répondait présent !
Un jour la giboulée fut plus forte, le courant a varié, l’ordinateur a planté, j’ai entendu le chien aboyer. Je suis sortie, en moins de 2 j’étais complètement rincée, et lui, il tournoyait, exalté sous la flotte. Le hêtre au milieu de la pelouse regardait, goguenard, ce spectacle. Moi, avec un drap de bain pour l’attraper et le sécher et lui, qui se prenait pour taureau amusé de la muleta que j’agitais. J’abandonnai vite et m’abritai sous le porche. Lorsque les nuages se dissipèrent, le chien se souvint de moi et se secoua pour me faire comprendre à quel point il était mouillé, et que son odeur de chien mouillé allait me poursuivre pendant des heures.
Je lui intimai l’ordre de rester sur le paillasson, le temps de sécher ses coussinets afin que ses pattes mouillées ne laissent pas de traces.
Une troisième serviette pour enlever une partie de l’humidité qui lui servait de pelage. J’ai essayé de faire de lui un chien moins mouillé, avec un sèche-cheveux. Il ne marqua aucune reconnaissance. À la radio Eurythmics jouait « Here come the rain again », et je le voyais se trémousser. Je m’emballe, il était juste pressé de rejoindre son panier à côté de la cheminée.
Je ne voyais plus rien, les lunettes embuées. Une fois rassurée sur l’état de l’animal, je respirai l’air intérieur de la maison. Odeur de chien mouillé, ou pas ? Je reniflais mes vêtements ; je puais l’humain mouillé. Je me déshabillai en hâte, pris une douche chaude en enfilai des vêtements secs et mis les serviettes et le linge dans la machine à laver. J’aérai le logement. Lorsque François et Louise vinrent récupérer le chien, il leur fit la fête. S’il avait pu parler, il aurait raconté sa journée exaltée sous les giboulées.
– T’as l’air crevée, me lança François. Je rêve ou t’es en pyjama d’intérieur ?! Encore une journée à glander… Mais qu’est-ce qu’on va faire de toi ?

C'est un peu par hasard que j'ai découvert le plaisir d'imaginer des histoires. D-Ecrire des vies. Et j'ai trouvé avec Cécile et Philippe, et tous les participants, de quoi cultiver l'enchantement. Merci à tous.

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