Pâques

Un calendrier derrière la porte de sa chambre.

Un calendrier de l’avant, avec un « a » comme avant la date entourée qu’elle attend tous les ans. La journée des cloches, des poules, des œufs, des lapins, des souris, des champignons, des ours et des poissons. En chocolat.

Elle ne pense qu’à ça et les fèves de cacao éclatent dans sa tête. Dès le début du mois d’avant les vitrines changent de couleurs. Elle résiste, sur le pallier du chocolatier. Non, je ne rentrerai pas. J’attendrai. Le jour, et la nuit, j’attendrai toujours, son retour. Pâques.

Sans ces 2 jours, dimanche je déguste, lundi je termine, la vie ne vaudrait pas le coup d’être savourée.

Entre 2 Pâques, elle attrape un carambar. Cela a plus ou moins la couleur du chocolat, sans le goût. En plus, ça colle aux dents. Le dentiste l’avait mise en garde, en même temps que sa mère avait acquiescé chacune des paroles de son sermon, la tête inclinée comme une madone.

– Avec un appareil dentaire sur les carambars point tu ne te jetteras !

Elle avait osé demander :

– Mon père, et le chocolat ?

L’homme en blanc avait répondu :

– A petite dose, cela ira.

Le samedi d’avant, elle va à l’église se confesser.

– Pardonnez-moi, mais je vais pécher par gourmandise.

– Votre honnêteté vous honore, mon enfant. Quel est votre objectif cette année ?

– Euh… Vous me facturez combien ?

– Les tarifs évoluent tous les ans. Attendez, je consulte l’application. 1 lapin, c’est 100 Pater, 50 Ave, et 30 actes de contrition. Présence à la messe obligatoire pendant 3 mois ferme. 1 gros œuf, c’est 50 Pater, 30 Ave. Présence à la messe pendant 3 mois dont 1 avec sursis…

– Vous êtes dur, m’sieur. Et si je prends juste 1 chocolat ?

– Ça sera noté sur votre fiche, mais je n’en référerai pas à l’évêque. Mais, pas d’entourloupe, n’est-ce pas ?

La fillette s’extrait du confessionnal, et attend l’arrivée des cloches.

Dimanche arrive. Une fois que la mère a pris son café, l’enfant l’invite à une escapade chez le confiseur.

– Maman ! Regarde, c’est Caliméro en chocolat noir et blanc ! Allez Maman, tu me l’achètes !

La mère, malgré sa paresse, ne refuse pas. Elle paie et donne la sculpture à sa fille, qui la retourne dans tous les sens, la secoue. Aucun bruit. Caliméro m’a escroquée, se dit-elle. Il n’a pas été garni.

La déception passée, elle ne s’en tire pas trop mal. Elle reste dans les petits papiers de monsieur le Curé.

C'est un peu par hasard que j'ai découvert le plaisir d'imaginer des histoires. D-Ecrire des vies. Et j'ai trouvé avec Cécile et Philippe, et tous les participants, de quoi cultiver l'enchantement. Merci à tous.

Ce contenu a été publié dans Atelier Papillon. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.