S’évader

Les chaussures sont lacées, la fermeture remontée jusqu’au menton. A peine descendus de voiture, la fraîcheur nous cerne. L’humidité pénètre. Non, ce n’est pas nécessaire de se couvrir davantage, la marche va nous réchauffer. En ce milieu de semaine, le parking est désert. Pas âme qui vive, seuls l’espace et le silence pour nous accueillir. Depuis quelques semaines, nous nous sommes découvert une nouvelle activité, suivre la météo pour profiter de la moindre éclaircie pour déserter notre domicile et profiter de la nature. Météo France ne nous a pas menti, le brouillard s’effiloche dans les branches nues des arbres qui surplombent nos têtes. Nos narines se dégagent, l’air frais se fraie un passage dans nos poumons heureux de se dilater. Le soleil rase les obstacles, jouant avec les perles de rosées. Nos yeux sont éblouis par ces éclats qui nous sont devenus rares. Nous sommes là, plantés dans la terre, prêts pour une journée à se dérouiller les articulations pour renouer avec notre corps, trop longtemps maintenu dans des espaces clos, vêtements, murs, immeubles rapprochés. Les épaules s’agitent en tout sens avant de recevoir le sac à dos où à chaque sortie, le portable est condamné au silence. Il est interdit de venir troubler la quiétude de la journée. Nos oreilles ne doivent recevoir que le chant des oiseaux, heureux de sentir le printemps arrivé mais peut-être aussi un peu méfiant de voir ce ruban animé et coloré qui progresse sur le chemin détrempé, faisant frémir le sol. Est-ce que les ondes générées par nos pas remontent le long des troncs ? Réveilleront elles les écureuils lovés dans leur refuge ? Le pic vert pourrait peut-être nous donner une réponse, lui qui s’acharne sur l’écorce du chêne que les glands ont depuis longtemps déserté. Nos yeux fouillent l’horizon à la recherche d’indices qui nous confirmeront le changement de saison, une pointe verte qui émerge des feuilles mortes, un timide bourgeon au bout d’une tige esseulée ou tout simplement la légèreté du souffle d’air qui caresse nos visages au gré des clairières traversées. Des troncs d’arbres récemment coupés diffusent un parfum subtil mais bien présent, nous tendant les bras pour une pause gustative. Thermos et gâteaux sortent des sacs pour un instant de partage, devenu une tradition.

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