S’intéresser aux gens quand ils sont vivants

Elle est venue sans rien, les mains dans les poches, juste avec son cafard automnal. La mort précoce du voisin du dessous l’a beaucoup affectée. Elle ne le connaissait pas, juste un « bonjour », un « bonsoir » ou un « il fait beau temps aujourd’hui », échangés dans l’escalier. Il avait l’air gentil pourtant, il avait plusieurs fois essayé d’engager la conversation, mais elle était toujours pressée. Enfin c’était ce qu’elle lui disait pour mettre fin rapidement à ses bavardages de voisinage. L’était-elle vraiment ? Maintenant c’est trop tard. Elle se dit qu’il faut s’intéresser aux gens quand ils sont vivants.
Ce soir, elle est invitée chez les voisins du 5ème, elle est venue sans rien, elle sait que ça ne se fait pas, surtout quand c’est la première fois qu’on est invité chez eux, mais elle y pense seulement maintenant, alors qu’elle est devant leur porte. Elle se dit qu’elle est une bien mauvaise voisine, qu’elle ne s’intéresse pas aux gens, ou alors quand c’est trop tard. Enfin tant pis, maintenant qu’elle est là, elle sonne. Un petit garçon de 7 ou 8 ans vient lui ouvrir. « Maman, c’est la dame du 3ème, celle qui est toujours pressée ! ». C’est donc comme cela qu’elle est perçue dans l’immeuble. La maman arrive pour l’accueillir, l’air embarrassé, elle s’empare de son manteau, mais pas du bouquet de fleurs ni de la bouteille qu’elle n’a pas apportés. Elle bredouille une excuse, elle était pressée et n’a pas eu le temps de passer par le fleuriste. Elle réalise sa bourde, elle donne raison au petit garçon encore une fois, elle comprend au petit sourire en coin de la Maman qu’elle se retient de rire. Elles éclatent de rire toutes les deux. La soirée commence bien finalement, elle décide de laisser son cafard automnal dans l’entrée et s’intéresser aux voisins de 5ème.

Ce contenu a été publié dans Atelier Papillon. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire