Sorry player one

Il est roux et rapide, pas facile de le suivre dans le dédale de ruelles sombres. La course est intense mais Paprika n’oublie pas de ramasser les bonus semés ça et là. Une vie supplémentaire, un booster de vitesse, des pièces pour améliorer ses armes, tout est bon à prendre.

Il suit le renard de toit en toit, s’agrippant aux escaliers de service comme à des troncs tortueux. La course est longue, c’est un marathon. Beaucoup de joueurs se contentent de errer dans le niveau, juste pour se balader. Quand Paprika en croise un, il ne s’attarde pas. il faut rester concentrer sur l’objectif, les flâneries ne l’intéressent pas. Il est presque au pont, là où il perd toujours. Il a tout essayé, chaque fois le pont s’écroule, l’eau est trop froide ou le saut trop tardif. De frustration, le casque de réalité virtuelle a failli passer par la fenêtre plusieurs fois.

Le renard le regarde sur la rive en face. Paprika arrive toujours trop tard pour comprendre comment il a réussi à traverser. Il est immobile, un peu narquois. Il sait que personne ne pourra l’attraper. Parika s’asseoit. Il scrute, il attend un signe du renard figé. Quel est le but de ce jeu ? Les paupières de Paprika sont lourdes. Etendu sur la rive, il se laisse endormir en pensées vagabondes. Le clapotis du lave-vaisselle devient le bruissement du fleuve. Le canapé aspire son sommeil lourd. Le radeau est confortable et Paprika rêve dans son rêve. Ce niveau lui est plus familier que le vrai monde. De toute façon, plus personne n’y va. Les gens n’ont plus ni prénom ni nom de famille, ils sont devenus leurs avatars. Car ces derniers sont bien plus vivants, bien plus mobiles. Avec ce casque on peut regarder tellement plus loin.

Sans rien dire, ce monde est devenu le sien. Ici on allume des feux au lieu de les couvrir, on peut faire la fête et s’endormir au bord de l’eau. Paprika, libre dans sa tête.

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