Un air de basse-cour

La lourde porte d’entrée grince sur ses gonds. Raoul toussote, crachote, renifle bruyamment.

– La Marie ! Ce matin, tu sais quoi ?

– Non, mais tu vas me le dire, sans doute.

– Pardieu, c’est sûr ! J’ai vu le petit malin !

– Ah ! Et c’est le fils de qui ?

– C’est le marmot de ce voyou de Soubrecase !

– Ça y est ! Tu remets ça ! Mais qu’est-ce qu’il t’a fait, le volailler, hein ?

– Eh beh… Il m’a volé une poule !

– Ça suffit Raoul ! Primo, tu ne l’avais pas achetée. Deuxio, c’est ton frère qui te l’avait prêtée. Tu n’as pas de coq, le volailler si. Alors Joséphine est allée fricoter à côté. C’est humain, non ? D’ailleurs, trois poussins sont sortis. La poule en est ravie.

– Tu défends ce voleur maintenant ? Tu roucoules sous ses fenêtres, toi aussi ?

– Raoul ! Je t’interdis de me parler sur ce ton ! Au lieu de t’énerver, cherche une solution pour freiner la migration de tes poules. Ça te fera baisser la tension.

Bougon, Raoul sort de la pièce en toussant, en crachant après s’être bruyamment raclé la gorge.

– Quel porc ! se lamente Marie.

Au petit matin, alors que la neige tombe fort, Raoul se dirige vers la maison du volailler.

– Soubrecase ! J’ai un marché à te proposer ! Soit tu me donnes ton coq, ou bien on organise une garde alternée !

Une porte s’entrouvre, une femme à la peau diaphane, sans chaussettes, ni perruque, ni fossettes, cligne des yeux.

– Vous êtes qui ?

– Et vous ?

– Je suis la mère du petit malin.

– Ah ! Donc… vous connaissez ce voleur de Soubrecase ?!

– … vous êtes Raoul, non ? Ecoutez-moi, si vous voulez récupérer votre poule, allez-y ! Mon coq Maurice n’en peut plus ! Je ne sais pas ce que vous lui avez donné à picorer, à votre gallinacé, mais elle est infernale ! Faites-lui un enclos, achetez un coq en pâte à sel, en plastique, mais foutez la paix à Maurice. Alors, vous le donner, pas question, la garde alternée, c’est non ! Allez chercher votre poulette et sa marmaille, mais de grâce, arrêtez de perturber Maurice… Il n’ose même plus chanter de peur que votre bestiole lui saute dessus ! C’est toute la basse-cour qui en pâtit. Soyez gentil : reprenez votre furie, et oubliez-nous !

C'est un peu par hasard que j'ai découvert le plaisir d'imaginer des histoires. D-Ecrire des vies. Et j'ai trouvé avec Cécile et Philippe, et tous les participants, de quoi cultiver l'enchantement. Merci à tous.

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