Ephémère

Dans un décor de démolition, la vieille dame en baskets rouges observait le seul objet rescapé de cet enfer : un tableau peint par sa grand-mère dont les tâches bleues, jaunes, dorées, illuminaient ce coin désolé.
En un instant, son esprit partit en rêverie. Elle revoyait la photo de cette aïeule et de son mari, posant fièrement au sommet du Kilimandjaro baigné de ronds de lumières.
Un petit monsieur tout noir sortit de la photo et lui demanda en souriant : « et toi, qu’as-tu exploré dans ta vie ? ».
Oh, moi, je ne suis jamais allée bien loin. Mon seul voyage a été de faire partir des générations d’enfants en exploration autour du monde de l’histoire , du calcul, de la littérature, de la vie, de leurs âmes. Comme ce tableau que je m’apprête à vendre aux enchères, ma vie a été une suite de tâches de lumières éphémères. Mon chemin s’arrête là. Mon dernier voyage est celui de la petite route que tu vois sur la droite, celle qui mène aux tombes. »
Le petit homme lui sourit et la pris par la main. 

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Une réponse à Ephémère

  1. Emmanuelle P dit :

    Touchant hommage à la transmission.

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