Sensei à Séville

Sensei erre dans les rues de Séville. Il choisit les trottoirs à l’ombre. Le tintamarre du soir s’est évanoui. Au petit matin, il fait déjà chaud. Sensei ne s’est pas couché. Il gratte ses bras. Malgré les manches longues de sa chemise, les moustiques l’ont dévoré. Il se méfie des coups de soleil et remarque qu’il est peut-être le seul jeune de cette ville à porter un pantalon ; les autres portent des shorts. Une caractéristique européenne, se dit-il. Hier, aux terrasses des bars, il a entendu parler Espagnol bien sûr, mais aussi Anglais, Allemand, Français. D’autres langues aussi, parlées par des personnes de haute taille, blondes, avec des yeux bleus – Les gens du Nord, a-t-il supposé avec quelque sentiment de honte. Comment distinguer danois, suédois, hollandais, finlandais quand on arrive de Tokyo et que pour la première fois on quitte son pays ? Sensei n’a pas mangé depuis 24 heures. Il a bien vu les assiettes de tapas sur les tables, mais n’a pas compris comment les commander. Il a bu plusieurs sangria et il est fier d’avoir identifié ce breuvage qui semble au goût de tous. La tête lui a tourné et il en a bu encore, savourant l’âpreté du vin mêlé au sucre de l’orange. Il y aurait volontiers versé des blocs de glace.

Ce contenu a été publié dans Atelier au Long cours. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire