Tsundoku

J’ai cessé d’acheter des livres. J’en ai déjà partout chez moi, des piles dans toutes les pièces. J’ai commandé une bibliothèque pour les ranger tous au même endroit. Pour qu’ils arrêtent de me toiser, immobiles, en tas culpabilisants. Sujet exposé au regard des objets. La bibliothèque est montée et je commence le rangement.

J’hésite. Classement alphabétique ou thématique ? Comme je n’aime pas la facilité, je choisis thématique. Problème : la plupart de ces livres me sont inconnus. Je les ai achetés un jour, pleine d’entrain, souvent le lendemain de La Grande Librairie, mais je ne les ai jamais ouverts, à part pour y glisser le ticket de caisse.

Je suis là, au milieu des livres, encerclée dans mon salon, face à ma bibliothèque vide. Les piles sont si hautes que je ne vois plus mes meubles. Deux solutions s’offrent à moi : abandonner le champs de bataille et tout ranger n’importe comment ou faire face. Commencer à lire, puis ranger. Si j’avance bien, j’aurai une bibliothèque classée d’ici trois ou quatre ans. Beau projet d’avenir, ça me met en joie, j’ai presque envie de racheter des livres.

En attendant, je réorganise mes piles pour me faire un couloir, histoire de pouvoir me déplacer dans l’appartement. Assise dans ma tranchée de papier, j’attrape un livre. Une Bête au Paradis. Une porte s’ouvre dans ma tête, un plongeon familier, la passion de lire me reprend dès les premiers mots. Ouvrir un livre est devenu un effort et je le regrette. C’est toujours une aventure incomparable.

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