La maison froide

L’évier fuit encore ! Ploc-ploc rassurant, exaspérant, on finit par s’inquiéter quand on ne l’entend plus. Un oiseau se pose sur le rebord de la fenêtre, pépie. C’est une mésange – il y en a beaucoup, en ce moment – et le bleu de ses plumes met du baume au coeur.

L’air froid s’engouffre dans la maisonnette de tous les côtés, portes mal taillées, fenêtres mal isolées, carreau ébreché. On calefeutre comme on peut, on a un peu froid mais on n’est pas si mal.

On peut se mettre un plaid autour des épaules et s’asseoir au coin du feu, faire un thé brûlant et le partager en silence, ravi.es par les volutes de fumée et les étincelles.

On n’a pas fini de la restaurer, cette maison, ça c’est sûr. Déjà que personne ne se décide à réparer l’évier … Mais on y est bien. Le temps passe doucement. C’est comme un paysage nouveau et familier à la fois dans lequel on flânerait. Comme un voyage, en Finlande. En hiver.

Des fois, des invités viennent et nous demandent : « Vous ne vous êtes toujours pas enfui.es de là ? ». C’est qu’ils ne comprennent pas la douceur des mésanges et du feu qui crépite.

Un.e ancien.ne habitant.e, on ne sait pas qui, collectionnait les cassettes audio. Il a fallu beaucoup chercher pour trouver un lecteur qui fonctionne, mais c’est chose faite. On les écoute, le soir, en se frottant les épaules les un.es les autres pour se tenir chaud. Parfois, on se met à danser, parfois, on tombe dans l’immense engourdissement de nos rêveries. Les pensées virevoltent comme les étincelles de la cheminée qui, souvent, atterrissent trop près du tapis. Secrètement, alors, on rêve d’un brasier qui nous réchaufferait jusque dans les os.

 

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