L’école

L’arbre centenaire se dressait au milieu de la cour. Il en avait vécu, des péripéties. Ses branches ressentaient encore cette sensation si particulière. Celle d’un enfant tirant dessus, se hissant jusqu’au sommet, foulant sans ménagement bourgeons et feuillage. Le tronc, lui, se rappelait ces filles et ces garçons se cachant derrière lui pour s’embrasser timidement, maladroitement.

Un vieil homme pas tout à fait centenaire se tenait devant l’arbre qui se dressait au milieu de la cour. Dans ses mains tendues, comme une offrande, un album photos. Le vieil homme l’ouvrit. Dedans, le résumé d’une vie bien remplie, un presque siècle de défis relevés, de déceptions surmontées.

-Approche, sembla lui murmurer l’arbre.

Enfin, c’est ainsi qu’il ressenti les choses. Il planait dans l’air comme un parfum d’herbe trempée, lointain cependant. Il pleuvait un jour sur deux, la sensation s’expliquait aisément. Le vieil homme fit une moue gênée. Sa chaussure était trouée. Pire, il y avait du sable dedans. Il avait pris un peu de la plage qu’il avait traversée tantôt pour arriver à l’école. Il posa l’album, retira sa chaussure, s’approcha de l’arbre et versa au pied de ce dernier tout ce que la chaussure trouée contenait.

Il y eut bientôt un petit tas, comme un îlot autour des racines. Le vieil homme s’installa à côté. Un coup de vent ouvrit l’album et de l’album jaillit un ballon. Il le reconnut aussitôt. C’était celui de son enfance ! Le ballon roula vers le vieil homme. Une mouette sortit à son tour, vint se poser à côté du vieil homme, fit quelques pas dans le sable puis, satisfaite, s’envola vers le ciel. C’était un dimanche, l’école était fermée. Mais la mémoire du vieil homme, elle s’était ouverte.

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