De pistes en portes

Je n’avais rien du tout sur ma liste.
Après des jours d’errance de planète en planète, je m’étais faite à l’idée de rester encore un peu, là-bas, si loin. Dans la communauté, quelqu’un n’aurait pas dû l’ouvrir ; je suis sortie de mes gonds. L’errance s’est commuée en souffrance. Désirs d’ailleurs.
Un heureux hasard, et je redescends sur terre. Rappelle-toi. Deux chiffres, trois lettres. Moult possibilités. 17. 18. JEP (Journées Européennes du Patrimoine).
Ah.
Et ?
C’est là, et je ne le vois pas. Qu’y a-t-il derrière ces portes closes ? Ici, un musée niché dans un hôtel particulier. Nul kakemono ne met en valeur le site. JEP ou JEPeuxpas ?
Des joggeurs-marcheurs au maillot vert foncé cherchent, téléphone en main… un trésor ? Des indices ? Participent-ils aux manifestations ? Il y en a un qui tente une blague. « La ferme ! Cours ! » ahanent ses compères.

Je poursuis mes déambulations incertaines. Je cherche les panneaux « Vous chauffez ! »… « Vous brûlez ! C’est ici ! Venez ! On est ouvert ! ». Nul oriflamme à hauteur d’yeux. Ni au-dessus. Ni en-dessous.
Le retour sur le plancher des veaux a été éprouvant. Je ne parcourrai pas des kilomètres pour enfoncer les portes ouvertes ni me torturer les méninges à résoudre des énigmes. Le patrimoine se dévoilera. S’il veut se laisser voir.
Le chant des livres charme mes oreilles. Je suis plantée devant une bibliothèque. L’architecte facétieux, incapable de se mettre d’accord avec un collège d’experts, a claqué la porte du projet de rénovation. Il a livré un édifice sans serrure ni clé. Pour y entrer, il faut faire divaguer ses pensées. Je regarde autour de moi : « C’est une blague ? ». Des sourires goguenards, un bruissement de voix. « On a aperçu le conservateur. Il était là, devant l’enceinte, les yeux clos. On n’a pas su où il est allé. On ne l’a pas revu ».
Je tourne le dos aux railleries. Je continue de chercher des lieux à découvrir. Sur le moteur de recherche du ministère, je découvre que bien des portes se sont fermées la veille. Tout le moins celles que j’aurais aimé franchir. Trop tard. Mon sésame est périmé.
Voilà. J’ai pris un mur. Mon rêve lointain de faste et de magie s’est noyé. Je me suis perdue dans l’empressement de profiter d’ouvertures exceptionnelles. L’improvisation, contrainte, n’est vraiment pas un succès. La prochaine fois, autrement je m’y prendrai.

C'est un peu par hasard que j'ai découvert le plaisir d'imaginer des histoires. D-Ecrire des vies. Et j'ai trouvé avec Cécile et Philippe, et tous les participants, de quoi cultiver l'enchantement. Merci à tous.

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2 réponses à De pistes en portes

  1. Marija D dit :

    J’adore le JEP ou JEPeux pas !
    Et aussi toutes tes allusions comme « sortir de ses gonds » pour la porte
    et « il a livré un édifice » après la bibliothèque
    Je suis sûre qu’il y en a d’autres « niché » dans ton texte.
    Merci pour ces journées portes ouvertes.

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