J’irai demain au cimetière, c’est sûr.
J’irai cracher mon chagrin sur sa tombe, c’est sûr.
Trop souvent elle m’a dit : « Quand tu seras grande, tu comprendras ». Elle m’a toujours appelée « Ma petite », et je n’ai rien saisi.
Je ne lirai pas son roman autobiographique cousu de mensonges, c’est sûr.
Quand le soleil atteindra l’horizon, je mettrai mon plan à exécution.
De son vivant, on n’a pas eu d’explications, alors bientôt je viendrai la voir et régler mes comptes.
Les pilules seront efficaces ; vite avalées, vite sédatée. C’est sûr.
Au bout du tunnel, elle entrera dans la pièce. Enfin je saurai.
Sauf si…
Elle aura peut-être oublié ce qu’elle aurait dû m’enseigner.
Ainsi je resterai dans l’obscurité, c’est sûr.
Il me faudra espérer survivre à la surdose. Sinon, comme le pain sera devenu un mets de luxe, le curé brisera des biscottes pour en faire des hosties devant mon cercueil. C’est sûr.