Futur proche

– Dans un avenir proche, dans un futur certain, on envoie nos désirs, nos attentes, nos vœux et on attend qu’ils soient assouvis, écourtées, exaucés. Tu vois c’est comme quand je te dis que j’irai demain matin, c’est sûr. A cet instant précis, c’est sûr que j’irai mais en fait, demain matin, c’est même pas sûr que je me lève.
– Je comprends rien à ce que tu racontes. Tu veux aller où demain matin ?
– Ben acheter du pain pardi, parce que, entre toi et moi, il faut que tu le saches et que tu en aies bien conscience, le pain deviendra un mets de luxe.
– Et donc demain matin, tu iras à la boulangerie c’est ça ?
– Ben oui et puis pas que.
– Comment ça ?
– J’irai cracher sur des tombes.
– Comment ça ? Ça ne se fait pas de cracher sur des tombes.
– T’inquiète. Tu verras. Quand tu seras grande, tu comprendras.
– Tu crois vraiment qu’il faut attendre d’être grande ?
– Non, il faut au moins attendre le soleil, enfin tu comprendras quand le soleil atteindra l’horizon.
– Mais ça c’est tous les jours, il me semble, non ?
– Oui, c’est vrai, tu dois avoir raison…Attends, tu entends les pas qui approchent ?
– Pas vraiment, il y a beaucoup de bruit ici, je trouve.
– Tu vas voir, observe, elle entrera dans la pièce dans trois, deux, un…Bonjour Isabelle.
– Bonjour Monsieur Volnys, ça va aujourd’hui, vous vous sentez en forme ?
– Isabelle, je vous présente ma petite fille. Elle est venue rendre visite à son papy. Elle est gentille, vous ne trouvez pas ? Elle ne m’a pas encore dit pourquoi elle était venue. Vous pourrez lui dire que j’ai pas un rond ?
– Monsieur Volnys, on va prendre la tension.
– Papy, je vais te laisser, non ?
– Je n’en ai pas pour longtemps, vous devriez rester, ça lui fait plaisir d’avoir de la visite.
– Et oh, je suis là, je peux m’exprimer par moi-même.
– Oui Monsieur Volnys, pardon.
– Isabelle, je voulais vous dire, ma petite fille m’a parlé d’un bouquin qui a l’air formidable. Vous pourrez voir avec la bibliothèque parce que je lirai bien ce roman.
– 12,7. Une tension de jeune homme Monsieur Volnys, c’est excellent. Bon, je vous laisse.
– Et pour le roman ?
– Papy, t’inquiète, je te l’apporterai la prochaine fois.
– Vous voyez Monsieur Volnys, ils sont plutôt sympas les jeunes d’aujourd’hui.
– Oui, oui, c’est ça, vous ne voulez pas me croire Isabelle. Elle attend juste un bifton la p’tiote. Comme si j’avais des coffres d’or enterrés quelque part, franchement, pourquoi elle croit que je suis blindé la môme ?
– Monsieur Volnys, je sais pas, mais comme elle est là, en face de vous, demandez-lui vous-même.
– Ben pars pas maintenant. Fais un bisou à Papy, là, sur la joue. Ah là là, ces jeunes!
– Bientôt, je reviendrai te voir…T’aurais pas, par hasard, cinquante balles ?
– Tiens mon cœur, ça fait plaisir mais tu ne le répètes pas à ta mère, d’accord ?

Ce contenu a été publié dans Atelier Papillon. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire