La Bibliothèque

Jeanne marche de long en large sur le trottoir. D’un bout à l’autre de ce morceau entre le 10 et le 14. « C’est là et je ne le vois pas. Je sais que c’est là. » Elle sort l’invitation de sa poche et la relit.  » La Bibliothèque n’a pas de porte pour y entrer faites divaguer vos pensées. Dans l’espace entre 10 et 14 se trouve le passage vers l’inaccessible. Je vous y attends pour commencer votre formation. » Et tout en bas signé Le Bibliothécaire. Jeanne a toujours entendu des histoires sur la Bibliothèque. Des murmures dans certains cercles. Des contes pour enfant dans d’autres. Mais surtout un récit fantastique laissé par son grand-père. Juste avant qu’il disparaisse sans laisser de trace. Personne n’a jamais su où il avait été. Il a juste laissé un carnet pour Jeanne avec toutes sortes d’histoires plus incroyables les unes que les autres. De marches entre les planètes. De quai de métro bleuté dans la brume. Et cette unique constante étant la Bibliothèque. Ce lieu qui protège les gens de l’interdit et de l’inexplicable. Jeanne sort alors le carnet et le feuillète. « Je n’ai rien du tout. » Puis elle se souvient des remontrances de son grand-père. « Tu penses trop. Arrêtes le flot et laisse le passer.  » Faites divaguer vos pensées. Jeanne décide d’essayer. Vraiment cette fois-ci. Elle s’assoit dos contre le mur. Elle ferme les yeux et tente de laisser ses pensées vagabonder. Elle a tellement l’habitude de les forcer dans des cases. Seuls ses rêves sont nourris de tout ce qui fait désordre. Elle essaye donc de se plonger dans cet état, de faire sauter le toit de la boite où elle les enferme. Le flot est si soudain qu’elle manque la noyade de peu. Les mots s’emmêlent, font sens puis se brouillent. Puis juste au moment où elle pense perdre pied, Jeanne se retrouve le dos contre du bois et non plus le mur. Elle se lève précipitamment un peu désorientée. Il y a bien une porte, elle ne rêve pas. Jeanne pousse alors la porte de ce lieu interdit, impatiente de la suite. Qu’y a-t-il derrière cette porte fermée ? Jeanne l’a imaginée tant de fois. Pour l’instant, un long couloir dont elle n’aperçoit presque pas la fin. Et une inscription juste à l’entrée. « Dans le tunnel infini se prédit l’avenir des lieux interdits. » Elle entre. Le plancher craque sous ses pieds puis la porte se refermer. Elle est toujours là, il lui suffirait de la pousser et de tout oublier. Mais le tunnel est beaucoup plus intéressant. Jeanne fait un pas puis un autre. Vers quoi, elle ne sait pas encore.

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Une réponse à La Bibliothèque

  1. Aliette S dit :

    Lucile, on voudrait savoir la suite !
    Voir Jeanne au bout du tunnel !
    Merci pour ce joli texte, plein de mystère et de rêves

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