L’absence

Publié le 19 septembre 2022 par Lucile T

Mon absence est un mirage, elle disparait quand j’arrive. Elle cesse d’exister. Enfin c’est ce que je crois. Ce que je pense. Car au fond je ne la connais pas. Je connais l’absence dans son sens général mais mon absence par définition je ne peux la côtoyer. Je peux la conceptualiser. On peut me la raconter, me l’expliquer. Peut-être est-elle un désespoir ? Peut-être est-elle une fête ? Puis-je seulement croire ce qu’on m’en dit ? Parfois je voudrais être une petite souris pour voir ce qu’ils font de mon absence. Parfois, je ne préfère pas savoir. Et si tout ce que je voyais était du mépris. Et si mon absence ne se remarquait pas. Serais-je enragée de voir que je ne compte pas ? Que personne ne se rend compte que je ne suis pas là. Tout cela reste hypothétique. Dans un espace de possible qui n’existe pas. Je ne pourrais jamais connaitre mon absence. Ce n’est pas grave au fond. Ne vaut-il pas mieux se concentrer sur ma présence ? Faire en sorte qu’elle soit notée et bénéfique. Que l’on ne m’oublie pas quand je me tiens dans la pièce. Que je n’ai pas besoin de faire le crabe pour que l’on me remarque. Peut-être faut-il juste laisser sa présence parler d’elle-même. Eclipser l’absence. Laisser un souvenir pour la remplir. Choisir soigneusement ceux pour qui notre absence devrait avoir un impact.

A trop boucler sur l’absence, je me retrouve dans le néant de mes pensées. Elles tournent encore et encore autour de moi sans je puisse les saisir. Ai-je quelque chose de plus à dire ? Ou suis-je bloquée à l’infini ? J’efface et je repars. Je balayes ces pensées m’engluent. Je débranche mon cerveau et donne libre court au stylo. La crampe dans la main. Le bruit du crayon sur la feuille. Le noir sur le blanc. La sonnerie qui retentit. L’encre d’un instant qui revient nourrir l’envie. L’envie d’écrire. C’est la fin. La dernière répétition et je retrouve le rythme. Le chemin d’un sens que j’avais perdu. Pourtant le stylo se suspend un instant sur le dernier mot.