L’angoisse du bruit

Amélie marche rapidement en slalomant entre les gens. Elle est en retard. Il est encore possible d’avoir son train mais elle n’a droit a aucune erreur. La journée avait déjà mal commencé. Elle avait éteint son réveil sans s’en rendre compte et donc s’était levée une heure plus tard que prévu. Amélie aime prendre son temps le matin mais elle est aussi capable d’être très rapide. Du coup, elle avait juste laisser de côté ses 20 minutes à regarder les nouvelles. La bouilloire avait chauffé en même temps qu’elle prenait sa douche. Le thé avait fini dans un thermos. Elle avait ainsi réussi à être prête juste avant l’heure de partir. C’est à cet instant qu’elle avait réalisé qu’elle ne retrouvait plus le cadeau pour Matthieu. Elle était pourtant persuadée de l’avoir préparé en même temps que son sac la veille. Amélie s’était alors mis à retourner tout l’appartement pour finalement le trouver bien ranger dans son sac à main. Le soulagement avait été de courte durée quand son regard avait glissé sur l’horloge. Amélie n’avait jamais mis aussi peu de temps pour atteindre le métro. Cela lui fit aussi réaliser que sa ru était très bruyante. Entre le serveur du restaurant qui hurle « C’est bœuf ou poulet. » Les clients et les employés des boutiques qui s’interpellent. Le bruit de la circulation. Sans ses écouteurs qui d’habitude la protègent du bruit ambiant, elle ressent bien toute l’agitation. Elle les tient fermement dans sa main à l’intérieur sa poche de manteau comme pour se rassurer. Elle serre les dents et avance le plus vite possible. Elle pourra les mettre dans le métro. Elle arrive au tourniquer et d’un regard voit que le prochain est dans 1 minute. Juste le temps de remonter le quai pour bien se positionner. Le quai est plutôt plein et Amélie évite les gens pour avancer. Elle entend des bribes de conversation. « Vous en êtes où? » « Je ne sais plus où je dois changer à … » « J’essaye d’expliquer à Marie … » Amélie sait qu’elle n’a plus beaucoup de temps avant que le bruit ne surchauffe son cerveau. Et elle ne peut pas se le permettre. Elle peut encore sauter dans le train mais pas s’offrir un crise d’angoisse. Ce n’est pas pour rien qu’elle ne sort jamais sans ses écouteurs. Avant que le métro arrive, elle a juste le temps de les sortir de leur boite et de les mettre dans ses oreilles. La réduction du bruit de ceux-ci aident légèrement mais elle a besoin de musique pour tout couper. Pourtant, elle ne se risque pas à sortir son téléphone. Les portes du métro s’ouvrent et le monde s’engouffre. Amélie se cale dans un coin et peut enfin atteindre son téléphone. Elle essaye de reprendre son souffle quelques instants mais la personne à côté d’elle la force à trouver rapidement un son pour couvrir la conversation. « Non cela ne me gène pas d’y aller ce soir … Elle s’est coupée la main en essuyant la vaisselle … Bien sûr il y avait son père derrière. » Les mots ne font même plus sens. Et le flot de ses pensées lui-même devient trop bruyant. Amélie trouve enfin sa playlist de musique bilatérale et elle ferme les yeux. Son cerveau peut enfin s’arrêter de tourner quelques instants.

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