Le chant du coucou

« Un soleil d’hiver

Tout au fond de ma mémoire

Me rappelle ta voix »

Sarah laisse glisser le crayon sur la papier. Ses pensées à jamais inscrites. Le carnet est posé sur ses genoux et elle joue avec le crayon dans sa main. C’est la parfaite journée d’hiver. Sèche, ensoleillée, sans vent. Ce matin, l’extérieur l’a appelé. Alors elle a répondu. Le soleil brille haut dans le ciel mais l’air reste froid. S’habiller chaudement reste de rigueur. Pourtant si on sait trouver le bon endroit au soleil, le froid se dissipe. Sarah offre son visage au ciel. Elle ferme les yeux et profite des rayons doux. Elle laisse son esprit se souvenir des voix. Des paroles. des moments. Ils s’enchainent et se mélangent. Ils tirent un sourire ou une larme. Ils disparaissent aussitôt ou restent un instant. Elle ne force rien, elle les regarde juste passer. Et toujours cette voix et ce rire. Qui la fait sourire et pleurer en même temps. Sarah a fait son deuil du mieux qu’elle pouvait. La blessure n’est pas béante à chaque pas mais elle ne disparait pas. Le deuil d’une personne toujours vivante. Le deuil d’un relation qui n’est plus. Les premiers jours de Mars la ramène toujours en arrière. Pourtant malgré la douleur, le sourire est toujours là. Sur son visage offert au soleil. Les fins difficiles n’effacent pas les moments heureux. Ceux qui comptent et nous définissent. Sarah reprend le stylo et inscrit :

« Doux soleil d’hiver

Fait éclore joliment

Ton sourire fané »

C’est ce qu’elle ressent à cet instant. Comme les premières fleurs, elle s’épanouie au premier soleil. Le ciel semble moins gris. Elle hésite entre continuer à écrire ou profiter de l’instant. Le son du coucou au loin capture son esprit avant qu’elle ne décide. Ce son est lié à la maison de ses grands-parents. Ce n’est pas le seul endroit où elle l’a entendu. Pourtant dans son esprit, la liaison ne se fait qu’avec eux. Elle ferme les yeux et elle peut voir la maison. Intérieur et extérieur. Le jardin, les fleurs au balcon, les chambres, la cheminée du salon. Son grand-père devant la télé et sa grand-mère dans la cuisine. Un odeur de bourguignon. Leur chamailleries incessantes et malgré tout cet amour dans leur yeux. Il y a tout cela dans ce chant du coucou. Sarah pense alors au son des grenouilles et son esprit parcourt quelques kilomètres jusqu’à leur étang. Ce projet à deux réalisé à la retraite. Les journées d’été posés dans l’eau ou dans la caravane. Les tours en barque. Et le concert des grenouilles le soir quand ils restaient tard. Sarah ouvre les yeux sur le parc et sourit son crayon à la main.

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