Les nuages disparaîtront

C’est parti. Assez d’attendre, encore attendre. Il y a peut-être un train à prendre, il y a peut-être une rencontre à faire sur le quai de la gare.
Il est tôt ce matin, je traîne ma valise, les épaules voûtées par le vent glacial de l’hiver qui s’installe. Les valises sous les yeux vont s’estomper au fil de la journée, dès que le soleil sera levé même s’il la passe caché derrière le brouillard.
J’ai cru t’apercevoir là-bas, il est si tôt, il fait si froid, qu’en fait il est trop tard pour que j’aille jusqu’à toi.
La dernière fois, je t’ai regardé droit dans les yeux et si je les crois, je devine que tu vois ailleurs. Tu rêves et je ne fais pas partie de ce rêve. Je t’ai attendu, tu n’es jamais venu. Attendre n’est pas un métier si facile.
Ce matin, je me suis levée tôt, très tôt, c’était même le milieu de la nuit en fait. Partir au milieu de la nuit, ne pas attendre quand c’est décidé. Voilà, c’est parti. Je suis partie.
Je souffle sur mes doigts engourdis par le froid, si je souffle fort, les nuages de ma vie disparaîtront. Je te laisse écrire la suite de ton histoire sans moi, loin de moi. Tu ne sauras rien de celle que j’écrirai pour moi. Absolument rien. Tout ce que je sais, c’est que ce sera mieux comme ça.
L’horloge de la gare ne fonctionne pas. Elle ne sait pas l’heure qu’il est. Elle s’approche du panneau d’affichage pour voir les trains au départ. Elle choisit un numéro de train plutôt qu’une destination. Un train avec des 8 dedans, avec des 1 pour tenir debout et des 6 pour s’asseoir un peu plus tard. Au guichet, elle demande un aller simple.
Elle s’arrête dans une maison pas très loin de la mer. Agitée en ce jour d’hiver. Elle défait sa valise. Dans le panier de l’entrée, des rideaux sont pliés, laissés par l’ancien propriétaire. Elle se dit, si j’avais du fil, je pourrai les coudre et les suspendre aux fenêtres. Ça habillerait cette grande maison pour lui tenir chaud.

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