C’est calme ou plutôt étouffé, parce que sous l’eau, il y a quand même plein de bruits. Le clapotis des vagues quand on nage, le frétillement des bulles d’air qui cherchent désespérément à remonter à la surface. Mais quand on nage, il n’y a que le bruit de l’eau, on n’entend plus personne. Quand j’arrive à l’extrémité de la ligne d’eau, je relève la tête, le monde sonore s’ouvre à nouveau. « Non, ça me gêne pas d’y aller ce soir. » dit Maeva à Rose. Elles sont appuyées sur le bord. Elles aiment bien discuter toutes les deux entre leur longueur. Je regarde Maëva, l’eau entre et sort de son maillot une pièce bleu, en giclant entre ses seins. Je n’entends pas la suite de leur conversation. Je repars en crawl pour ma dernière longueur. Est-ce qu’elles parlaient d’aller au cinéma ? De déménager une plante verte trop lourde ? Ou peut-être de rendre visite à leur amie commune, Nadège, qui est absente ce soir ? Je ne sais pas, mais j’aime bien Maeva dans son maillot bleu et sa peau caramel.
Quand je termine mon 400 mètre, Maeva et Rose sont reparties. « C’est Bœuf ou poulet » dit Mohamed à Éric de la ligne 4. Il répond « C’est toujours le Jeudi, vendredi et Samedi ? » et Mohamed secoue la tête « Oui, c’est ça, et j’espère qu’on te verra. » Eric repart pour sa longueur. Mohamed doit encore l’inviter au couscous du restaurant de ses parents. Je me repose quelques instants. J’entends battre mon cœur, j’attends qu’il ralentisse avant de repartir. L’eau frappe sur les lignes d’eau en plastique. J’entends les chaussures de quelqu’un qui claquent sur le bord mouillé. Je regarde la grande horloge avec ses aiguilles colorées qui tournent. Je ferme les yeux et plonge la tête sous l’eau. Il y a le bruit de la pompe, un bourdonnement avec un léger sifflement. Je souffle et ressort la tête. « Elle s’est coupé en essuyant la vaisselle. » dit Maeva qui est revenue. Et Rose d’ajouter « J’espère que ça n’est pas trop grave. » Maeva se tourne vers moi « ça va ce soir Gilles ? »
–Oui très bien. Et toi ?
–Je la trouve glacée, je ne sais pas pourquoi.
Puis elle se retourne vers Rose et continue sa conversation. Je ne comprends pas exactement les paroles alors je me laisse descendre sous l’eau. Je pousse avec mes jambes sur le mur et repars pour une longueur. Le calme revient.

Dans l’écriture, il y a une échappatoire à la réalité.
Passionné de nouvelles, lecteur de nouvelles du monde entier, j’aime écrire les quotidiens, les petits détails, les fêlures des personnages.
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