Ursule

Un ursidé hululait dans la nuit glacée. Ursule sentit son cœur qui battait à tout rompre. L’université était plongée dans le noir.

Sur la cheminée, l’urne était posée, et la regardait de ses yeux morts et implacables.

Elle sentait l’urticaire qui se profilait sous sa peau et s’y installait comme une bête malfaisante. L’urgence de la démangeaison était insupportable.

Quels hurluberlus malfaisants rodaient dans la nuit, pour déranger ainsi les urubus à tête rouge du zoo voisin ?

Le vacarme de ces charognards augmentait son angoisse et une fois de plus, elle regretta l’union qui l’avait conduit en ces lieux.

Dans le bac à vaisselle qui débordait, les ustensiles lui semblaient des armes menaçantes dont elle hésitait à s’approcher.

Une inquiétante étrangeté s’était installée dans toute la pièce et Ursule commençait à avoir le sentiment de perdre pied et tout contact avec la réalité.

Elle tenta de se ressaisir et la main tremblante, osa s’emparer de l’urne.

Elle regarda autour d’elle, terrorisée : elle était seule et personne ne la voyait commettre cet acte insensé.

La jeter par la fenêtre, c’était s’exposer à de possibles intrusions. La fracasser au sol, c’était devoir ensuite ramasser les débris et qui sait ce qu’elle pouvait y découvrir. La mettre dans la poubelle, c’était ne pas détruire la méchanceté intrinsèque qu’elle lui attribuait.

Le feu lui parut la seule solution, mais si l’urne était bien sur une cheminée, il y avait belle lurette que plus aucun bois n’y brûlait et qu’elle avait été condamnée.

Alors, l’urne émit un ricanement et Ursule hurla.

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