C’est le bouquet !

A califourchon sur mon canasson, une chanson à la bouche, je fais mon malin car aujourd’hui, pour la première fois, je vais porter des fleurs à une dame.
Elle a la bouche en cœur et les joues rouges de soleil.
Je lui tendrai les fleurs et dirai « Je vous aime ».

Je descends la bouche en fleurs de mon cheval blanc. Je suis comme un prince, ceux que l’on dit charmant.
Qu’elle va être heureuse cette dame que je lui porte ce bouquet !
Comme elle va se sentir flattée d’être la première à qui je porte tant de couleurs.
Quel honneur !
Va-t-elle se jeter à mes pieds de gratitude ? C’est possible je pense.
Elle va au moins rougir et ensuite, quand je serai parti, elle téléphonera à ses amies pour répandre la rumeur : « Un homme exceptionnel est venu jusque chez elle lui porter des fleurs ».

Je frappe. Elle n’entend pas.
Je frappe. Elle n’est pas là.
Comment ose t-elle ?
Je ne vais pas rester planté là avec mes fleurs.
On pourrait me voir et alors la rumeur serait : « Une femme exceptionnelle a refusé des fleurs ! »
Quel déshonneur !

Je fais le tour de la maison. A l’arrière, je découvre la dame au milieu de son jardin. Il est plein de couleurs, elle a les mains dans la terre. Elle a fait de son jardin un bouquet vivant.
Je pose le mien à terre. Et repars sur mon canasson.

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