L’escalier de béton

Essoufflé, j’arrive au bout de l’escalier de cette barre d’immeuble, vétuste mais tenant toujours en un seul morceau, un peu comme par magie.

Je pose ma valise. Je reprends un peu mon souffle et mes esprits, dans cet escalier de béton, la main sur la rampe froide en métal, face à l’écriteau m’informant être enfin arrivé au 13ème étage.

Ayant repris un semblant d’aplomb, je m’approche du digicode de la porte. Etrangement, celui-ci est situé non pas à l’entrée du bâtiment, mais au niveau de l’accès à chaque étage. Instinctivement, je tape sur les touches usées, dans un geste automatique, une suite de quatre chiffres que j’ai utilisée chaque jour, pendant des années. Malheureusement, il m’a fallu 218 marches pour découvrir qu’à l’inverse de tout le reste, le code, lui, avait changé.

Désespéré, je me laisse glisser dos contre la porte, jusqu’à me retrouver assis par terre. En soupirant, je ressors le papier froissé de la poche de ma veste, contenant les informations pratiques et indications données la veille par le notaire. Je retrouve quantité d’informations sur ce seul petit bout de papier, mais aucun code à quatre chiffres.

Alors que je commence à envisager de faire demi-tour en reprenant ces 218 marches en sens inverse pour ne jamais remettre les pieds ici, la porte s’ouvre derrière moi, et je bascule en arrière, surpris. Maintenant allongé par terre, je vois au-dessus de moi, à l’envers, une petite dame âgée me surplombant. Aussi surprise que moi, elle ne dit rien, et me regarde seulement.

Je me relève tant bien que mal, m’excuse, et me rends alors compte tout à coup que je n’étais en réalité pas au bon pallier… Gêné, je repars par l’escalier, et redescends au 12ème étage. Je tape le code, et cette fois la porte s’ouvre. Je me retrouve dans ce long couloir obscur que je connais bien. Arrivé à la dernière porte, la clé confiée par le notaire entre et tourne dans la serrure, comme elle a toujours été supposé le faire.

A peine la porte ouverte, je suis submergé par les odeurs de mon enfance.

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Une réponse à L’escalier de béton

  1. Aliette S dit :

    Bonsoir
    c’est un très joli texte qui décrit l’état dans lequel peut nous mettre l’émotion, l’impatience dans un moment de vie comme ce que tu suggères, la mort des parents, le retour soudain du passé.
    Merci
    Aliette

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