Enfance harcelée

Il est accroupi là, derrière la barrière blanche du cimetière. Il devrait déjà être à la maison. Sa mère doit s’inquiéter mais il n’ose pas avancer. Son bonnet bleu, enfoncé jusqu’aux oreilles, il allume une cigarette en se disant que ce n’est pas prudent. Dans le froid de la nuit qui envahit le village, ils vont facilement le repérer.,ils savent qu’il fume de temps en temps, ils l’ont déjà menacé «  pauvre connard on va le dire à ta mère. Des bribes de discussions lui parviennent du café d’en face,,mais surtout il les entend, eux, il sait qu’ils approchent. Un souffle brumeux se glisse dans son cou. Un vieil homme s’arrête un instant. « T’es bien jeune pour fumer ». Il s’en moque du vieux, il a peur, il sait que les autres vont arriver. «  François, on va te dérouiller, crevure, bâtard, s’coup ci tu vas t’en rappeler »derrière le cimetière apparaissent des lueurs vascillantes. Il fait de plus en plus sombre. Paralysé par la peur il ne parvient pas à s’enfuir. Il aperçoit le gros Jean , un vrai sadique qui aime faire mal, quant à Alban , le chef de la bande, il travaille à coups de pieds. Lui,  Il se met à hurler, à trépigner de rage.

»François, François, réveille – toi, s’il te plaît parle- moi. »

» quoi, quoi, qu’est ce qui se passe ? »

Tu cries depuis un bon moment, oh non, ne me dis pas qu’ils sont encore revenus! »

»la lampe, la lampe, allume la lampe ! Allume, je veux sortir de ce cauchemar »

Francois s’est assis dans son lit, Jeanne est allée respirer un instant sur le balcon, puis elle l’a pris dans ses bras, l’a bercé, consolé.

«  tu te rends compte que mon gros bras de père ne voulait rien savoir, tu n’as qu’à te défendre mauviette, c’est tout ce qu’il trouvait à me dire. Alban c’était Le fils du directeur de la savonnerie, alors fallait se taire. »

» Mais ta mère, elle, pourquoi n’a-t’elle rien dit ? »

»Ma mère était complètement sous son emprise, elle n’osait rien dire…ça a duré pendant trois ans »

« il faut que tu retournes voir lovisky, en attendant, rendors toi mon amour. »

Et il s’est rendormi dans ses bras et s’est mis à rêver qu’ils roulaient au bord de l’Adriatique sur leur Vespa rouge. C’est alors qu’une odeur de mimosa et de citron a envahi son rêve.

 

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Une réponse à Enfance harcelée

  1. Sylvie W dit :

    et dire que cela a existé pour de vrai….et le pire semble qu’aujourd’hui ne soit pas mieux qu’hier…
    Brrr: le rêve allège le côté absolument terrifiant de cette réalité: bravo.
    Sylvie

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