Le vase ébréché

Le vase ébréché qu’on avait du trouver dans une sombre brocante était posé là sur le guéridon rongé par la rouille et il avait le don de soudainement représenter pour moi une part du ciel, ma part du ciel. Il avait toujours était sur cette table, hiver comme été, avec ou sans fleurs, supportant tous les degrés, toutes les feuilles mortes. Il me renvoyait à un certain immobilisme de mes souvenirs. Il était en bas de l’escalier d’entrée de la maison. On y prenait le café sans sucre et sans lait. Brut en quelque sorte. Bruts étaient le vase, le café et le secret.

Ma finitude ne pourrait pas s’exempter d’aller au bout de ce secret. Elle ne pourrait pas se contenter de fuir novembre et de partir en voyage. Non cela ne serait pas aussi facile. Comme disait Barbara « parmi tous les souvenirs, ceux de l’enfance sont les pires ». Je ne pourrais pas me cacher de ce destin familial dans un tiroir ou sous l’escalier. Il va falloir que je sorte de tout cela et que je recolle les morceaux. Or le raccommodage est un voyage au long cours.

Qu’allait il ressortit de ce grand déballage, de cette grande analyse ? J’allais déménager dans un ailleurs rempli de vérité certes mais d’incertitudes tout aussi vertigineuses. Un ailleurs dans lequel le vase risquait fort d’être en miettes sur le plancher.

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