On ne sait jamais

 

Iel sursaute
réveillé.e
le lac a crié
C’est sa voix qu’iel cherchait
l’écho aurait du resonner
que s’est-il passé?
Dans le vent
les pins tanguent doucement
est-ce qu’iel a rêvé ?
Dans son bol sa vie a bu la tasse
pas de bec ni de roseaux
son dos à ellui c’est le RER qui le berce

Il va où le monsieur ?
Chut. Je sais pas si c’est un monsieur
Ta gueule
Laisse-moi
Je sais pas
ce que je fais là
Si seulement des racines pouvaient pendre à mes cils
pour me guider
loin de ces néons qui brûlent
le soleil absent
avalé depuis longtemps
dans les couloirs enterrés
La rue lui a dit non
Tu ne passes pas
Iel mord dans ses lèvres
mais l’eau ne coule pas
Comment fait l’air
pour descendre si profond
iel a oublié
comment on faisait
pour respirer

Les hirondelles ne volent pas la nuit
le noir les a avalées
il les voit à la fenêtre
accrochées par les pieds
De leur bec goutte le sang
pourquoi?
pourquoi iel a fait ça?
iel a fait ça?
Iel a fait ça
et se roule dedans

Terreur nocturne
qui l’a englouti.e
Les phalanges blanches
luttent avec le rebord
pour ne pas tomber
Iel ne voit plus ses pieds

Les blés se couchent et se relèvent
quand le vent sonne le repli
Les vagues dorées brillent dans la lumière
Iel court dans les collines
les cheveux pleins de terre
mais que va dire sa mère
Ta gueule
Laisse-moi
Tu t’en fous de tout
Alors dair un effort
pour ça aussi
Tu vois pas
que j’essaie de rouler
je sais pas marcher
seulement me ramasser
à m’en user les extrémités
Tu m’as jamais porté.e
mais ils sont fatigués mes tibias d’essayer

Alors s’il te plaît
Tais-toi
et laisse moi contempler
les cris et les déserts
les places et les lits
dans lesquels un jour
je saurai m’allonger

Les vaches et les années ont passé
des rivières et des yeux ont séché
au bout de l’allée iels sont vieux.lles
dans leurs mains scellées les cicatrices
n’ont pas oublié
les bombes n’ont pas cessé de tomber
les séismes font partie d’elleux
mais à plusieurs
leurs creux et leurs bosses bien serrées
Iels ont tiré la force d’exister

J'écris de la poésie d'observation, de la poésie reportage, de la poésie comme un documentaire de ce qu'il y a dedans et dehors de moi. J'écris des textes qui disent la vie, le quotidien, les ressentis, les émotions, les sensations. J'écris de la poésie qui dit ce que j'ai au fond, ce qui a besoin de sortir, vite et brut, comme ça et pas autrement. Une écriture comme mes envies de faire pipi, brûlante et urgente. Facebook : Tom Belleau, page Yolandecrit Instagram : @yolandecrit

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