J’ai rencontré le balayeur. Un homme sans âge, un visage fripé, une barbe comme un bouquet de brindilles, des yeux délavés qui ne regardent nulle part. Si, peut-être, les feuilles mortes, les papiers, les mégots. Non, on ne fume plus la cigarette ici et c’est le printemps. Alors ? Alors quoi ?
C’est le balayeur, le poète, celui qui chante sa vie, la nature, le vent, les feuilles.
C’est tout ?
Non bien sûr. Son nouvel emploi l’a promu : ramasser la poussière de lune. C’est une lourde responsabilité lui a-t-on dit sans autre explication. Alors il a courbé ses épaules et attrapé son balai.
Il ne sait par où commencer. Il n’en veut à personne. Les décisions administratives, on ne les discutent pas. Il faudrait connaître les responsables. Mais il sait bien lui. Le responsable c’est le djinn qui se cache et fait des farces. C’est comme ça. On ne peut rien y faire.
Alors il a cheminé, son balai à la main, toute la journée à la recherche de la poussière de lune.
Rien, il n’a rien trouvé.
Mais que cherche-t-il ? Poussière ? Lune ?
En route, il a croisé des gens qui ne l’ont pas vu, des oiseaux qui piaillaient, des enfants qui l’ont bousculé, des voitures qui l’ont frôlé. Il n’a rien vu.
Dans sa tête, il chante ses souvenirs, ses montagnes, ses brebis, son chien, les dunes, le soleil, la lune.
Tiens, et s’il lui parlait à la lune ? Peut-être lui dirait-elle où elle cache sa poussière ?
Le soir est tombé. Il s’assied sur un banc du square, regarde la lune plein d’espoir.
Une grille claque et le réveille en sursaut.
Dans ses rêves il a parlé à la lune. Elle n’était pas contente qu’on veuille la balayer.
Elle lui a dit que tout ça, c’était des stupidités de chercheurs en mal de projets, d’humains qui ne savent plus quoi faire, de politiciens trop ambitieux, de responsables sans responsabilités.
Il n’a rien compris à tout ce galimatias. Il a la tête farcie. Il est bien fatigué.
Il regarde son balai, jette un coup d’œil angoissé à la lune espérant qu’elle ne se fâchera pas, lisse sa barbe et se rendort.
Sylvie, merci pour ce texte plein de poésie et de tendresse, dans un monde qui en manque beaucoup !
Merci
Aliette
Sylvie
Ton texte est magnifique . Il m »évoque le livre : Une rose et un balai de Michel Simonet.Je t’en conseille la lecture.
Bises
Catherine