Supermarché

C’étaient Les années cinquante et un grand supermarché venait d’ouvrir porte d’Orleans . Souvent le mardi maman venait me chercher à l’école  en voiture, j’aimais pas ça, c’est sûr on irait au supermarché. Je m’en doutais,  au petit déjeuner elle m’avait fait miroiter des achats super, supermarché bien sûr ahahah ! Les corvées c’était Toujours pour moi, jamais pour mon frère Philippe!

A l’arrière Du charriot elle avait posé les sacs qu’on allait remplir en slalomant entre les rayons. En plus ça puait , ils parlaient fort dans un micro et les néons nous faisaient mal aux yeux. Elle faisait la tête ma mère parce qu’en général je lui disais qu’on aurait mieux fait d’aller Chez Ali . Là on pouvait expédier les courses en cinq minutes et puis il me donnait toujours un ou deux roudoudou délicieux. Moi j’voulais Pas y aller dans ce super qu’avait  rien de super alors je traînais un peu les pieds.

pendant ce temps là ma mère se disait à coup sûr , cette gamine est de plus en plus insupportable, toujours à ronchonner les jours où nous allons ensemble au supermarché. Elle n’écoute rien, trépigne, s’ennuie et baille. C’est pourtant sympa cette petite halte dans un endroit coloré, une étape avant de rentrer à la maison. Dés que je lui lâche  la main elle cherche à s’échapper à l’autre bout du magasin. Quelle casse- pieds mon aînée. Au bout de cinq minutes elle a envie de faire pipi et la semaine dernière elle a vomi devant une caisse.

Moi dans mon poing bien serré je gardais une petite balle rouge que je n’avais pas l’intention de lui montrer. Oui oui je l’avais chipée en passant, me croyant à l’abri des regards. Sans aucun remord. N’avaient qu’à pas nous tenter dans leur affreux supermarché.

Ils ont de nouveaux filtres à café, des pommes du Canada, des petites culottes du Brésil, des biscuits de Hollande et c’est moins cher et quel choix, regarde…le supermarché rendait ma mère hystérique , j’avais honte, je m’éloignais , je faisais semblant de ne pas la connaître .

Tiens les revoilà toutes les deux, se disait sans doute la caissière, la petite dame brune et son insupportable gamine. La semaine dernière elle a vomi au pied de ma caisse. Moi si c’était la mienne je lui flanquerais une bonne paire de claques.«  Allez Madame faut avancer, et toi la môme t’as aucune raison de grimacer comme ça. He! qu’est ce que tu tiens dans ta main fermée ? Allez montre- moi ce que tu as dans la main. » Aujourd’hui encore je déteste les supermarchés.

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