J’ai un cher ami dans le Loir-et-Cher. Sa copine tient une pizzeria dans le Maine-et-Loire. Pour lancer son affaire, elle a tenté l’escalope milanaise nappée de beurre blanc, et le filet de sandre sur un lit de mozzarella.
Sa clientèle déboussolée a confectionné une farandole de billets durs, nourris d’insultes dégoûtées.
Alors, pour retrouver l’inspiration, revenir aux sources de sa cuisine italienne, elle a enfourché sa Vespa rouge, a roulé pour se recueillir devant un dolmen à Carnac, et pris mon ami cher du Loir-et-Cher sur le porte-bagage.
Le bourdonnement du moteur s’est accéléré lorsque les mimosas se sont montrés sur l’autoroute. Le deux-roues s’approchait de la place Masséna et son marché aux olives. S’ils avaient du temps, ils monteraient jusqu’à Grasse s’enivrer de parfum et compléter une collection de savons.
Tu parles d’une collection !
Qui dit savon dit durée de vie limitée en cas d’usage répété.
Qui dit collection de savons dit c’est comique à transporter pour éviter de les dégrader. On prévoit une glacière pour éviter qu’ils ne glissent entre des mains sales ou ne perdent quelques grammes de douceur.
La copine avait posé, solennellement, que les savons seraient réservés pour les grandes occasions. Comme le champagne. Vraiment ? En réalité, c’est à la place du champagne.
Une recette exceptionnelle ? Savon du marché de Grasse !
Un compliment de client ? Savon du château de Versailles !
Un chagrin à apaiser ? Savon noir du Maroc !
A chaque célébration, son savon. Pour la copine de mon cher ami, la caresse du savon incarnait son ultime paradis terrestre.
Son compagnon se tracassait de cette passion. Il avait consenti qu’elle l’appelât « Mon petit pousse-mousse ». Du moment qu’elle ne l’enfermait pas dans le congélateur de peur qu’il ne dégouline.
Je m’éloigne du sujet : revenir aux sources pour recaler la cuisine d’une pizzeria et la faire adopter en Anjou.
Beurre blanc : c’est non.
Poisson de rivière : c’est non.
Si les descendants du Roi René ne savent pas apprécier la pasta authentique, eh bien on leur servira des coquillettes.
Emmanuelle, tu as l’art du décalé et du loufoque, j’adore ça, ton texte glisse sur sa pente comme si tu la lui avais savonnée exprès !
Vive les pâtes et le savon
Emmanuelle tu as raison !
Aliette
Merci Aliette ! On évitera de singer les pâtes à la Boudouni d’Alex Métayer en proposant les pâtes au savon.